Le droit à l’information est si peu assuré que l’UNESCO a déclaré le 28 septembre de chaque année ‘’Journée internationale de l’accès universel à l’information’’ (IDUAI). Dans une France où les principaux organes sont tombés entre les mains de quelques oligarques milliardaires, le droit du public à une information complète, vérifiée et mise en perspective n’est plus qu’un slogan.

L’information est colonisée par quelques-uns au profit de leurs seuls intérêts économiques et politiques. Ils nient l’encadrement de l’information (saut peut-être Vincent Bolloré) et de nombreux journalistes, la main sur le cœur se prétendent, eux, d’une totale liberté.

Ceux-là pourraient lire les études du prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz, sur ce qu’il a appelé la ‘’capture des médias’’ (dénonçant les concentrations) et la ‘’capture cognitive’’, qu’il avait définie ainsi :

« À bien des égards, la capture cognitive est l’aspect le plus intéressant de la capture, le plus subtil, le plus difficile à prouver. Cela a trait à la façon dont les journalistes perçoivent le monde, et donc comment ils écrivent à ce sujet. Une des raisons pour lesquelles le sujet est si important est que la capture cognitive par les médias peut conduire à une capture cognitive par la société. Les médias aident à façonner les opinions des membres de la société, et si les médias sont capturés, leurs reportages peuvent donner lieu à l’acceptation de points de vue dans la société qui reflètent ces intérêts. »

La profession de journaliste devrait s’interroger; au lieu de cela, quelques journalistes se chamaillent à propos de ce qu’ils nomment la ‘’droitisation des plateaux de chaînes d’info’’.

Le problème est bien plus vaste et mériterait une attention plus soutenue et une véritable rébellion conjointe des journalistes et des citoyens quand ce sont tous les grands médias qui ne délivrent pas une information au-dessus de tout soupçon. Mais le débat est cadenassé. Par exemple, Roch-Olivier Maistre, président du CSA, a circonscrit la question aux seules chaînes d’information en continu au cours de l’émission de France Inter ‘’L’instant M’’, n’entendant que des propos ‘’choquants’’ de la part d’éditorialistes et avouant les limites de ses interventions : « Ma feuille de route, c’est la loi ».

Que le président du CSA ne dirige pas un comité de censure comme le pouvoir gaulliste l’avait instauré à partir de 1958, c’est heureux. Ce n’est ni à la loi, ni à un comité Théodule de définir ce qui est bon ou mauvais pour le citoyen. Mais la loi doit définir les conditions du pluralisme des idées et de leur expression. Par respect pour les citoyens, de la démocratie, le Déclaration universelle des droits de l’homme et pour qu’il ne soit plus nécessaire d’avoir une Journée internationale de l’accès universel à l’information.

En France, il y a de plus en plus à faire dans ce domaine. Comme dans d’autres.