Gérald Darmanin est un ministre de l’intérieur omniprésent ; il s’occupe de tout et même de censurer un livre pour adolescent, Bien trop petit de Manu Causse, paru chez Thierry Magnier, filiale d’Actes Sud.

Le ministre, sans doute inspiré par les milieux du catholicisme intégriste, reproche à cette œuvre une « description complaisante de nombreuses scènes de sexe très explicites ».

Thierry Magnier a vivement réagi en déplorant la multiplication des censures en littérature jeunesse : « Puisqu’il présente des scènes explicites, nous avons pris soin de faire figurer sur la 4e de couverture une mention adressant ce livre à un lectorat averti, à partir de 15 ans (…)Comme tous les titres de la collection L’Ardeur, Bien trop petit explore, à sa manière, les questions de corps et de sexualité ».

Pour Darmanin et les nouvelles grenouilles de bénitier, l’éducation à la sexualité est insupportable.

En Italie aussi, les artistes ont des détracteurs. Le chef d’orchestre Alberto Veronesi qui devait diriger l’opéra de Giacomo Puccini, La Bohème, dans le cadre du Festival de Torre del Lago, est monté sur scène les yeux bandés pour « dénoncer et ne pas voir un Puccini » présenté par le metteur en scène Christophe Gayral dans le Paris de 1968.

Aussitôt, le chef d’orchestre a reçu le soutien du sous-secrétaire d’Etat à la culture, Vittorio Sgarbi, qui a osé parler de blasphème et de désacralisation, trouvant inacceptable d’utiliser la figure de Giacomo Puccini pour faire de la politique ! Il a également menacé d’écrire au président du Festival pour empêcher le spectacle.

Dans les deux cas, il s’agit d’une censure d’Etat.

Que Darmanin se comporte comme un ministre de Giorgia Meloni, dont le parti se réclame du fascisme, faut-il s’en étonner ? A Torre del Lago, on a crié à l’œuvre communiste, à Paris on a dénoncé la pornographie. En empruntant le même vocabulaire à l’extrême droite pour déclencher les réflexes les plus bas.

La culture est en grand danger des deux côtés des Alpes ! Et plus encore la démocratie, la liberté d’expression, la liberté de création et la (vraie) laïcité !