Les ultra-libéraux voudraient bien supprimer la liberté de la presse. Certes, elle est bien âbimée par les milliardaires qui ont racheté tous les principaux médias. Néanmoins, ils n’ont pas encore réussi à museler tous les titres et tous les journalistes.

C’est ainsi que la correspondante du Monde outre-Atlantique, Corine Lesnes, est allée recueillir des informations à la source, c’est-à-dire aux Etats-Unis à propos de l’embauche de Fiona Scott Morton à la Commission européenne. Elle rapporte son entretien (rapide) avec Matt Stoller, directeur d’un projet baptisé American Enonomic Liberties. Son interlocuteur connaît bien Mme Fiona Scott Morton et son avis pourrait se résumer par : « Elle représente un cheval de Troie pour Big Tech. » Imparable !

L’interviewé a résumé en quelques phrases la pensée économique de l’impétrante : « Elle est bien connue dans le domaine spécialisé de l’économie de la concurrence. La concurrence et les consommateurs sont secondaires dans sa réflexion. Je la connais et j’ai trouvé certains de ses travaux utiles, mais d’autres trop soumis au pouvoir des entreprises. Sa philosophie est que les grandes entreprises sont efficaces et que les experts économiques suffisent à édicter des réglementations pour protéger les consommateurs. C’est pourquoi elle travaille pour Amazon, Apple et Microsoft, entre autres, en tant que consultante. Elle s’oppose à la dissolution des grandes sociétés ou à toute mesure visant à remettre en question leur pouvoir. Cet article de 2019, intitulé ‘’Breaking up Facebook probably won’t work’’ (La dissolution de Facebook ne fonctionnera probablement pas.), offre un bon aperçu de sa pensée. »

Matt Stoller dénonce aussi un (gros) mensonge. Fiona Scott Morton a prétendu être une consultante indépendante, mais la nature de ses liens avec un cabinet de lobbying sont avérés : « Charles River Associates (CRA) est un cabinet de lobbying qui défend les intérêts des monopoles des grandes entreprises technologiques et d’autres grandes entreprises auprès des juges et des régulateurs. Scott Morton travaille pour CRA en tant que responsable des relations publiques pour ce type de sociétés. Par exemple, elle a rédigé un document rendu public soutenant l’acquisition par Microsoft d’Activision, la plus grande fusion technologique de tous les temps. »

La Commission européenne peut-elle ignorer ces quelques ‘’détails’’ du CV de celle qu’elle vient d’embaucher ?