Il est curieux que des ministres d’Emmanuel Macron s’étonnent de la nomination d’une lobbyiste américaine en tant que chef économiste de la direction générale de la concurrence de la Commission européenne.
Fiona Scott Morton a été présentée comme la meilleure des candidats au poste ; le prix Nobel d’économie (ultralibérale), Jean Tirole, avance que c’est une chance pour l’Union européenne de pouvoir recruter quelqu’un de son calibre.
Quel panégyrique !
L’heureuse recrutée est-elle la petite protégée de la commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager ? Cela suffit visiblement pour fouler aux pieds la règle qui veulent que la Commission ne recrute que des hauts fonctionnaires issus des pays de l’Union européenne. Peu importe que Mme Scott Morton soit une lobbyiste très active qui a travaillé pour Apple, Microsoft et Amazon alors que l’Europe est en discussion pour réguler les plateformes numériques. Peu importe qu’elle ait travaillé pour trois cabinets de lobbyistes à Bruxelles : le porte parole de l’UE a affirmé que la décision a été prise et qu’il n’y a pas de raison de la reconsidérer. Circulez, …
En France, il n’y a que quelques ministres pour s’offusquer. Le président de la République qui décore Jeff Bezos de la Légion d’honneur, qui reçoit (souvent) Elon Musk et les autres patrons des géants américains du numérique lors de Viva Tech ou Choose France, qui reçoit des chefs peu fréquentables comme Mohammed ben Salmane ou Narendra Modi pour leur vendre quelques Rafale et autres armements qui coûtent un pognon de dingue, lui, reste très discret.
La position de la Commission (La décision a été prise ; nous ne voyons pas de raison de la reconsidérer) résonne comme une ‘’petite phrase’’ du président de notre République. Qu’a-t-il fait avec sa réforme des retraites ? Ou de l’emploi ? Ou de l’école ?
Le libéralisme, où qu’il règne, n’admet plus les contradictions et, dans une période de crise systémique, il s’affranchit allègrement de toutes les règles qui pourraient entraver les grands groupes et leur pouvoir. C’est sa marque et son dogme. Seuls les quelques élus du système, les ultra-riches savent ce qui est bien pour leur régime, quel que soit le prix à payer pour les peuples. Et il n’y a pas d’alternative !
A Bruxelles, à Paris et ailleurs.
Le cas de Mme Fiona Scott Morton n’est qu’un épisode de plus dans l’expression de l’autoritarisme ambiant. Comme la remise de la Légion d’honneur à M. Pouyanné, le patron de Total. Comme l’enterrement d’un rapport sur le racisme dans la police ou du rapport Borloo sur les banlieues.
Mensonge et autoritarisme favorisent-ils les populismes ? Ils ont les yeux fixés sur les cours de la bourse et s’accommodent de la montée du racisme et du rejet de l’autre. Quoi qu’ils disent !