Ce fut un spectacle époustouflant de danse sur le thème de la révolte des femmes argentines, imaginé par deux chorégraphes en résidence, Amine Boussa et Jeanne Azoulay. Leurs interprètes étaient jeunes mais tous étaient des amateurs.
C’était à la Ferme de Bel Ebat à Guyancourt, devant une salle pleine, conquise et enthousiasmée.
Les deux chorégraphes ont participé à une expérience qui a vu le jour dans les Hauts de France, Classe départ. Selon ses initiateurs, il s’agit « d’une méthode de mobilisation vers l’insertion par la pratique artistique intensive, axée sur l’éducation à la citoyenneté et le développement de l’employabilité ».
Les interprètes étaient donc décrocheurs ou accidentés de la vie, victimes de violences. Des laissés pour compte, des oubliés.
La Ferme de Bel Ebat et la municipalité ont voulu s’associer à cette formidable expérience en association avec Sauvegarde des Yvelines, le Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines et la compagnie In Cauda. Tous ces acteurs ont gagné un beau pari : les danseuses et danseurs ont fait une prestation exceptionnelle.
Je ne sais pas si tous réussiront à sortir de la misère infligée par un système où seuls les riches ne rencontrent pas d’obstacles pour être heureux et pleinement des citoyens, mais leur expérience artistique aura été, assurément, un moment où ils auront réalisé qu’ils ne sont pas destinés à rester dans les bas-fonds d’une société inégalitaire et dure aux pauvres de naissance.
Et ce spectacle vient démontrer la place irremplaçable de la culture artistique, au moment où le budget du ministère est amputé de 200 millions.
La France est riche de potentialités laissées en jachère. La Ferme de Bel Ebat et Guyancourt viennent d’en administrer une nouvelle preuve.
La culture n’a jamais été aussi nécessaire pour la compréhension du monde, pour l’acceptation de l’Autre, pour l’émancipation de l’individu. Alors, culture pour tous et culture partout.