Le 7 novembre dernier à Charm el-Cheikh, dans son discours devant les délégués de la COP27, Emmanuel Macron a déclaré : « La France soutient l’interdiction de toute exploitation des grands fonds marins. J’assume cette position. Je la porterai dans les enceintes internationales. »

Dont acte. Les grands fonds marins qui regorgent de ressources, nickel, cobalt, manganèse ou encore cuivre, font saliver les multinationales. Elles ont hâte d’exploiter les gisements des métaux nécessaires à la fabrication des batteries, sans se soucier des atteintes environnementales sur les fonds marins.

L’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), organisme sous le contrôle de l’ONU, est censée encadrer, dans un premier temps, l’exploration puis, dans un deuxième temps, autoriser l’exploitation industrielle des ressources dans les eaux internationales (la moitié du globe), en respectant ce qui est considéré comme un ‘’bien public mondial’’. On peut se demander quels sont ses pouvoirs.

Si Macron s’est prononcé pour l’interdiction de l’exploitation des fonds marins, le groupe canadien The Metals Company, associé à deux alliances industrielles européennes, l’a pris de cours puisqu’elle a obtenu l’accord pour un projet pilote d’exploitation minière en haute mer, entre Hawaï et le Mexique. Les lobbies se moquent éperdument des injonctions, un peu tardives de Macron.

D’ailleurs, on ne sait plus quelle est la position officielle de la France, celle des déclarations de Macron à Lisbonne puis à Charm el-Cheikh ou celle d’une circulaire du 5 mai 2021 du premier ministre de l’époque, Jean Castex, adressée à sept de ses ministres dans laquelle la France n’envisage pas de préserver les fonds marins, mais, au contraire, de les exploiter. La circulaire, présentée comme une première feuille de route d’un plan programmé pour dix ans, prévoit dans sa priorité numéro 2 « d’amplifier et partager les efforts de protection des fonds marins dans le cadre d’une stratégie de sauvegarde de ces écosystèmes et de poursuite d’une stratégie d’exploration et d’exploitation durable de leurs ressources ». En langage clair, on essaiera de protéger les fonds marins, mais on exploitera leurs richesses durablement.

Il y a un monde entre les grandes déclarations enflammées devant les instances internationales et les réalités politiques cachées dans une circulaire qui n’a pas fait l’objet de beaucoup de publicité. On comprend pourquoi.

Ce n’est pas encore sous ce quinquennat que l’environnement sera enfin protégé, sur terre comme sous les océans !