Le rugby qu’on aime, c’est un sport d’évitement et de grandes chevauchées, et le rugby tel qu’il est, c’est un sport d’affrontements rudes et de combats physiques violents. Et dangereux. On en a eu une démonstration samedi au cours de la rencontre opposant l’équipe de France à celle d’Afrique du Sud. Si la France a gagné, je ne crois pas que le rugby, lui, y a gagné malgré les spectateurs exultant de joie.

On a eu à déplorer de trop nombreuses blessures, comme celle de Jonathan Danty victime d’un coup de tête du Sud-africain Pieter-Steph Du Toit. Le joueur tricolore souffre d’une fracture du plancher orbital, témoin de la violence du choc.

On a eu à déplorer plusieurs ko et cinq commotions cérébrales. C’est trop, beaucoup trop pour rendre ce sport attractif.

Il y a longtemps que les équipes de l’hémisphère nord, Nouvelle-Zélande, Australie et Afrique du Sud ont considérablement ‘’durci’’ leur approche du jeu ; elles dominaient la scène internationale. L’Europe a pris le même tournant beaucoup plus récemment et, désormais, les équipes européennes luttent à armes égales. Tout en jouant avec la santé des joueurs.

On peut avoir peur d’assister à la Coupe du monde de la violence en 2023 en France. Avec une répétition de rencontres à quelques jours d’intervalle pour les meilleurs joueurs, soumettant les organismes à (trop) rude épreuve.

Les instances internationales, World Rugby, devraient s’emparer du sujet et ne pas se contenter de ‘’mesurettes’’ (carton jaune et carton rouge, sortie du terrain des joueurs victimes de commotions et interdiction de rejouer avant un délai de 7 ou 12 jours en fonction de la gravité du choc). Si le rugby doit rester un sport de contact, il est urgent de revenir à la notion d’évitement et d’imaginer des sanctions plus lourdes pour les auteurs de violences physiques. Il s’agit d’enseigner une autre vision du rugby et de le sortir lui aussi de l’emprise du fric et du spectacle digne des gladiateurs.

World Rugby en est-il capable. On peut en douter, tant le spectacle du haut niveau attire des spectateurs avides de sensations fortes.