Peut-être n’a-t-il pas osé le faire depuis Paris, mais Emmanuel Macron s’est inquiété des conditions de détention de Carlos Ghosn au Japon depuis Le Caire (où il est allé vendre des armes à ce grand démocrate qui dirige le pays des pharaons, Abdel Fattah al-Sissi).

Le président de la République a avoué avoir parlé de la situation de l’ex-patron de Renault avec le premier ministre japonais Abe : « Je me suis simplement préoccupé que le sort d’un compatriote français respecte le minimum de décence qu’on est en droit d’attendre. »

Cette bienveillance envers celui avec lequel il s’affichait fièrement hier encore est dans l’ordre normal des choses dans un milieu où économie, finances et politique s’entremêlent dangereusement. Quoi qu’on pense du système judiciaire et carcéral du Japon, l’aveu d’Emmanuel Macron est plutôt incongru.

Le président de la France, maintes fois épinglée par l’Observatoire international des prisons, n’a pas la même sympathie envers les 71 000 personnes incarcérées dans des prisons dont le taux d’occupation atteint 142 %, dont 53 à plus de 150 % et 5 à plus de 200 %. Pire, au 31 décembre, 1 506 personnes dormaient sur un matelas posé à même le sol et, souvent, des cellules de 9 m2 accueillent, si on ose dire ainsi, 3 ou 4 détenus.

S’indigner des conditions bafouant la personne humaine, certes, mais partout. Surtout chez soi !