Emmanuel Macron a condamné les incidents à Sciences Po entre étudiants propalestiniens et représentants de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), en utilisant le terme d’inqualifiables. Gabriel Attal, son premier ministre, s’est alors senti autorisé d’effectuer une ‘’visite inopinée’’ en plein conseil d’administration de la Fondation nationale des sciences politiques pour y dénoncer une « dérive liée à une minorité agissante et dangereuse à Sciences Po ».

Les deux dirigeants du pays n’ont même pas pris le temps de la réflexion, ni même attendu les résultats de l’enquête interne ; il semble bien, en effet, que les faits reprochés à la ‘’minorité agissante’’ ne soient pas ceux décrits par l’UEJF.

Les doyens des écoles, les directeurs des centres de recherche et des départements et les membres élus de la faculté permanente ont été sidérés par tant d’agitation de la part des plus hauts représentants de l’Etat. Ils ont donc réagi dans un message interne dans lequel ils condamnent à la fois Macron et Attal en termes fermes, mais mesurés :

« Aucun responsable politique ne saurait s’arroger le droit de dévaloriser les principes fondamentaux d’indépendance et de liberté académique, telles qu’ils sont consacrés par les lois de la RépubliqueRappelons que la liberté académique garantit le droit d’enseigner et de mener des recherches en toute indépendance, sous le contrôle et la supervision des pairs mais sans ingérence de quelque autorité extérieure que ce soit, y compris l’Etat. »

Ils ont même ajouté pour être sûrs d’être bien compris : « Les allusions à une éventuelle reprise en main de [l’] établissement lors du conseil d’administration du 13 mars, contreviennent ostensiblement à ce principe cardinal » de la liberté académique.

A Sciences Po, comme ailleurs, on n’apprécie pas les opérations de communication de nos gouvernants et on le fait savoir.

Macron et Attal ne font pas preuve du même empressement pour aller constater l’état de délabrement des collèges et lycées de Seine-Saint-Denis, où parents, enseignants et élèves sont mobilisés.