Sans surprise, le conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) a voté à la majorité la première privatisation d’une ligne de chemin de fer et mis fin au monopole de la SNCF. Les médias ont rendu compte de l’événement factuellement ; certains jubilaient ; les autres en restaient aux faits. On attend encore analyses et explications.

La gauche qui s’était retirée au second tour des élections régionales pour éviter l’élection de Thierry Mariani (Rassemblement national), n’a pas d’élus au Conseil. On mesure aujourd’hui les méfaits de cette absence. Ce qui n’empêche pas l’ensemble des partis dits de gauche de se présenter désunis à la future élection présidentielle ! Scandaleusement.

Renaud Muselier a profité de la situation et osé : il se présente en champion et ouvre des perspectives aux autres régions. Le président de la région marque ainsi son territoire et montre aux Français ce qui les attend en cas de victoire de Macron ou d’un Républicain l’an prochain. C’est-à-dire des privatisations à plus grande échelle pour répondre aux dogmes européens et aux appétits des grands groupes qui lorgnent sur les services publics les plus juteux.

La privatisation de la ligne de TER Marseille-Nice n’est qu’un prélude à une politique de casse de tous les services publics. C’est écrit dans le traité de Lisbonne, signé par Lionel Jospin ; c’est écrit dans une loi votée en 2018 par les godillots de Macron et les Républicains du Sénat.

L’affaire est stupéfiante : c’est Transdev qui a obtenu la concession de la ligne Marseille-Nice, filiale de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), un groupe public censé être au service de l’intérêt général et du développement économique du pays. Mais, si on examine dans les détails le statut de la CDC, on découvre qu’elle « peut exercer des activités concurrentielles ». Et elle ne s’en gène pas. Sa filiale, Transdev, a signé un pacte d’actionnaires avec un groupe privé allemand, Rethmann, qui a déjà obtenu des concessions de service public des transports, au détriment de la Deutsche Bahn (DB). Et l’Etat actionnaire entérine la privatisation des transports ferrés.

Le groupe Rethmann a racheté 30 % du capital de Transdev à Véolia en 2018 et même obtenu de monter à 34 %, confortant ainsi son droit de blocage, malgré les 66 % de la CDC.

Tout cela démontre que les privatisations sont étudiées et préparées de longue date, dans les moindres détails, mais subrepticement par les gouvernements (de droite ou socialiste) successifs, acquis à l’ultralibéralisme de Bruxelles.

Le peuple peut se sentir trahi, à juste titre ; mais il s’agit des résultats de son vote ou de sa désaffection pour la chose politique et son abstention aux élections.