Je me refuse à regarder les chaînes de Vincent Bolloré ; question d’hygiène mentale et d’engagement citoyen pour une information honnête.

En revanche, j’avais regardé avec curiosité et avidité l’audition du milliardaire d’obédience catho-réactionnaire devant la commission d’enquête du Sénat ; il s’était payé la tête des sénateurs présents en osant jurer que son intérêt dans les médias « n’est ni politique, ni idéologique, il est uniquement économique ».

Je suppose que, aussitôt sorti de son audition, le Breton bien-pensant s’était rendu auprès de son confesseur, l’abbé traditionnaliste Gabriel Grimaud, pour avouer avoir menti et se confesser. Confession aussitôt accordée, on suppose, tant ce curé agité de la calotte est l’obligé de Bolloré.

Télérama, à qui rien n’échappe, a écouté l’émission ‘’L’heure des pros’’ animée par un autre agité du bocal, Pascal Praud. Ce dernier est soit un imbécile, soit un être tellement assuré de l’impunité de son patron (ou les deux) pour avoir fait en direct un aveu et quel aveu ! Richard Sénéjoux, journaliste, a entendu, ébahi, le valet de Bolloré déclarer : 

« Éric Zemmour avait mis au cœur de la société française, de sa campagne électorale, ces sujets-là. On les a développés sur cette antenne. […] On avait envie parfois de défendre cette identité française, ses mœurs, ses coutumes, ses habitudes… »

Le sénateur à l’origine de la commission d’enquête sénatoriale, David Assouline, a aussitôt réagi en rappelant que Vincent Bolloré a prêté serment et que le code pénal prévoit en cas de faux témoignage des peines pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende.

CNews à l’origine de la campagne d’Eric Zemmour, ce n’est pas un scoop ; qu’un de ses animateurs avoue, en revanche, qu’elle est bien une chaîne idéologique ; ça va mieux en le disant.

Je n’ose pas croire que la justice passera ; je n’ose pas croire que l’ARCOM sévira. Macron n’a aucun intérêt à se fâcher avec Vincent Bolloré qui, avec la puissance de frappe de l’empire médiatique qu’il a créé, tient toute la bien-pensance libérale dans sa main (ou plutôt dans ses micros et ses caméras).