J’ai cherché. En vain. Cherché une quelconque inflexion de la politique d’Emmanuel Macron après la publication de la composition du gouvernement d’Elisabeth Borne.

Parmi les vingt-huit ministres, quinze sont toujours présents et, outre Elisabeth Borne, les plus libéraux à l’image de Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, Eric Dupond-Moretti, Amélie de Montchalin, etc., occupent les principaux postes. Alors doit-on rechercher l’inflexion parmi les treize nouveaux ? Catherine Colonna, aux affaires étrangères, était une chiraquienne ; Damien Abad, aux solidarités, était le président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale ; Amélie Oudéa-Castéra, aux sports et aux Jeux olympiques, est l’épouse du patron de la Société générale et pas réputée pour son progressisme ; Sylvie Retailleau, à la recherche, a une réputation sulfureuse pour défendre avec obstination le financement des universités et des organismes de recherche par les entreprises. Etc.

Reste Pap Ndiaye, nommé à l’éducation nationale et à la jeunesse et présenté comme ‘’le symbole’’ de la méritocratie. Il est, certes, un universitaire reconnu mais on ne gouverne pas avec des symboles, mais avec un budget et l’objectif de réduire les inégalités, c’est-à-dire l’inverse de la politique économique défendue par Macron, Le Maire, Darmanin et les autres. Comblera-t-il les manques criants d’enseignants dans tous les établissements ? Revalorisera-t-il les salaires de tous les personnels pour stopper l’hémorragie ? Remettra-t-il en cause les lois Blanquer ? On en doute.

Pap Ndiaye est un symbole et le restera.

Dans ce gouvernement, on a également relevé l’absence de ministre des transports et du logement (simple oubli), l’incompétence en matière d’environnement et d’écologie des deux ministres qui épauleront Elisabeth Borne dans ce qui doit être la priorité du quinquennat, Amélie de Montchalin et Agnès Pannier-Runacher, deux technocrates sans envergure.

Brigitte Bourguignon, à la santé, et Olivier Dussopt, au travail, sont deux anciens socialistes en peau de lapin qui ont rejoint Emmanuel Macron, comme Jean-Luc Le Drian, Christophe Castaner ou Manuel Valls. Ils ont hérité de deux ministères qui auront à gérer la crise de l’hôpital et de la santé (en pleine crise) et la réforme des retraites (une obsession inquiétante du président de la République). Ils vont se heurter à une très forte opposition et, notamment, à celle de leurs anciens camarades restés fidèles au vrai socialisme.

Enfin, il est difficile de passer sous silence la nomination de Rima Abdul Malak à la culture. Il ne lui sera pas difficile de faire mieux que la transparente Roselyne Bachelot. Mais quelle sera la marge de manœuvre d’un ex-conseillère de Macon à l’Elysée où les décisions sont prises par un seul homme. Le choix de la franco-libanaise en dit long sur l’emprise d’un président au pouvoir vertical et jupitérien.

J’ai cherché. En vain. Mais, en revanche, j’ai trouvé dans ce nouveau gouvernement des raisons supplémentaires de voter et de faire voter pour un vrai changement, celui porté par la Nouvelle union populaire et ses candidats issus de tous les vrais partis de gauche.