Le Qatar a introduit un nouvel ordre économique dans le football : depuis le rachat du club de Paris, le PSG, il a injecté des milliards dans l’achat de quelques-uns des joueurs les plus chers de la planète en une dizaine d’années ; la masse salariale de l’effectif professionnel explose chaque année et sera proche du milliard annuel. Le déficit du club est colossal, mais peu importe les caisses de l’émirat font des gros chèques à un nombre de zéros époustouflant.

Le football est sa vitrine de politique extérieure et l’argent coule à flot. Malgré tout, les résultats sont plutôt piteux !

A défaut d’avoir compris que le football est un sport collectif et que la réunion des meilleurs joueurs ne constitue pas nécessairement la meilleure équipe, il continue à faire des folies et à creuser l’écart de train de vie entre son club et les dix-neuf autres disputant le championnat de France.

Les chiffres circulant à propos de la prolongation du contrat du petit prodige Kylian Mbappé sont à peine croyables : un chèque de 300 millions d’euros pour la signature du nouveau contrat et un salaire net de plus de 62 millions d’euros par ans.

Les chiffres donnent la nausée quand on regarde de près ce qu’est réellement le Qatar : une monarchie patriarcale, où les mots démocratie, justice, liberté, égalité, solidarité sont bannis. Sur les 2,5 millions d’habitants, 10 % seulement sont qataris ; les immigrés représentent plus de 90 % de la population et 98 % des employés, mais ceux qui font de l’émirat un paradis (pour les seuls Qataris) sont, eux, sans droits et réduits à une situation de quasi esclavage.

On ne condamnera pas Kylian Mbappé de défendre ses intérêts, mais il ne peut pas ignorer que le torrent financier qui lui est versé provient de l’exploitation abusive des énergies fossiles et de l’esclavage, lui qui est un ardent défenseur des minorités. Et pas insensible à la détresse des pauvres.

Il y a des fonds au Qatar pour offrir des rémunérations à peine croyables à des joueurs de football, mais pas pour payer les pauvres ouvriers népalais, indiens, sri-lankais, libanais qui forment l’immense majorité de la population et qui n’ont qu’un droit, celui de mourir en silence sur les chantiers des futurs stades de la Coupe du monde (prévue en fin d’année) ou sur les champs gaziers.

L’OIT et l’ONU, d’une part, de nombreuses ONG, d’autre part, ont dénoncé la situation d’un pays où il n’y a aucune liberté pour ceux qui créent sa richesse.

La famille Al Thani qui règne sans partage sur le Qatar ne tient aucun compte de ces condamnations ; elle décide et n’a que mépris pour les supporteurs du PSG, issus des classes populaires, qui soutiennent  aveuglement et sans condition leur équipe, pour les journalistes, qui ont versé dans l’idolâtrie, et, enfin, pour les autres clubs de football de l’hexagone qui n’ont pas d’argent pour payer un maillot, un déplacement, entretenir la pelouse de leur stade, etc., et sont contraints de faire appel à des bénévoles pour continuer à assouvir la passion des mômes des quartiers, c’est-à-dire les centaines de Kylian Mbappé qui ne connaîtront jamais ni la gloire, ni les milliards des Qataris.

Il est venu le temps du changement pour ramener le football vers ses racines, celle d’un sport, donc d’un loisir, et d’un sport populaire. Mais pour cela, il faut renverser le nouvel ordre économique du football-business.