Les enseignants des collèges et lycées sont sidérés, mais révoltés : les rectorats ont adressé le 29 avril un e-mail aux chefs d’établissement que « en application du décret (…) du 21 février portant annulation de crédits, une mesure de réduction des dotations des heures supplémentaires et des indemnités pour mission particulière (…) feront l’objet d’un ajustement » pour la fin de l’année scolaire 2023-2024.

Cela signifie qu’actions de soutien, aide aux devoirs, activités sportives et artistiques, aide aux handicapés, remplacements de courte durée, préparation aux examens hors des horaires d’enseignement ne seront plus payées aux enseignants. Les primes pour 7,5 millions d’heures ont coûté 333 millions d’euros en 2023.

La décision est l’un des résultats de l’annulation de crédits dans le cadre du plan de 10 milliards décrété par le gouvernement. Le ministère de l’éducation nationale a été sommé de trouver 683 millions d’économie. La ministre, Nicole Belloubet a osé dire pour justifier la décision : « Il faut faire des choix. », oubliant d’admettre que la mesure a été décidée sans concertation et qu’elle est à effet immédiat. En pleine année scolaire alors que de nombreuses activités sont en cours.

Voilà une mesure qui va sans doute amener de nombreux jeunes à fuir le métier d’enseignant et démobiliser ceux qui sont aujourd’hui en poste. Il s’agit d’un mauvais signe au moment où le gouvernement envisage de créer des groupes de niveau pour lutter contre le décrochage ou pour venir en aide aux élèves rencontrant des difficultés.

L’éducation nationale victime de la dette de la France, qui l’eût cru ?

Pauvres enseignants qu’on confine aux seules heures de cours alors que les initiatives pédagogiques sont essentielles. C’est scandaleux sur le fond et dans la forme.

Si, aujourd’hui, c’est la fête du travail, mais ce n’est pas la fête des enseignants.

Grand Guignol

Devant les réactions des enseignants, des parents d’élèves et des partis de gauche, le gouvernement a fait marche arrière et a publié le communiqué laconique suivant ce jour, 1er mai, sans honte :

« Conformément à la priorité donnée à l’Éducation nationale par le Gouvernement, le Premier ministre et la ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse ont souhaité que les établissements scolaires continuent à disposer des moyens de mener à bien leurs missions. En conséquence, la ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse a donné instruction pour que, dès demain, les académies recouvrent les moyens budgétaires initialement notifiés afin de poursuivre l’attribution d’heures supplémentaires dans les établissements. »

Quelle politique de Gribouille ! Quelle pitié d’avoir un président et un gouvernement aussi confus et aux abois.