Leila Shahid est une femme admirable. Elle a épousé la cause de son pays, la Palestine, dès 1967, l’année où elle passe le baccalauréat en s’engageant dans le fatah, le mouvement de libération fondé par Yasser Arafat.
Nommée représentante de l’OLP en 1989, elle a fait la démonstration de ses grandes qualités diplomatiques. Sa grande intelligence a conquis jusqu’aux plus farouches adversaires de la cause palestinienne.
Quand d’autres s’accrochent à leurs fauteuils, elle a pris sa retraite en 2015, malgré les pressions de Mahmoud Abbas. Elle n’a pas abandonné pour autant le combat de toute une vie pour la reconnaissance des droits de son pays, la Palestine.
Aujourd’hui, elle a donné une longue interview à L’Humanité, dans laquelle elle dénonce avec la même opiniâtreté la politique d’Israël, « du tout militaire, de répression, d’écrasement effroyable par la disproportion des méthodes employées face à une population civile désarmée mais qui a choisi de revenir à une forme de lutte pacifique, non violente, de résistance à l’occupation qui dure depuis 51 ans. »
Constatant que le gouvernement israélien est un « amalgame de partis racistes »,elle indique que « Netanyahou continue l’annihilation de toute revendication de la population palestinienne comme nation (…) Comme il ne peut pas jeter les Palestiniens à la mer comme en 1948, à cause des téléphones portables, des journalistes, des réseaux sociaux, il nous écrase avec une violence militaire choquante. »
La colère de Leila Shahid reste intacte ; sa lucidité aussi. Elle a quitté ses responsabilités, sans cesser son combat mais en faisant confiance à une jeunesse qui, comme elle, veut obtenir la reconnaissance des droits les plus élémentaires de son peuple et lui redonner sa dignité. Farouchement optimiste malgré les déceptions, les insultes, mais surtout les milliers de morts et les trahisons des pays qui se rangent derrière Netanyahou et Trump, elle voit avec satisfaction que « aujourd’hui, les jeunes reprennent ce rôle d’avant-garde de la révolution palestinienne. »Elle n’abdique rien et, du haut de ses convictions, elle lance un appel aux opinions des pays européens : « Est-ce que cela va réveiller les consciences de ceux qui ont les moyens de traduire en justice l’armée israélienne pour crimes de guerre ? La réponse est chez vous, dans les opinions publiques européennes, parmi les parlementaires, les élus européens. C’est une occasion pour que l’Europe se réveille de sa léthargie. »
Israël tourne l’ONU en ridicule depuis 50 ans, en foulant aux pieds les résolutions, et poursuit impunément sa politique de colonisation des terres palestiniennes. Elle affame les Palestiniens ; elle les prive d’eau et leur fait subir les pires humiliations.
Les pays européens font preuve d’une lâcheté incommensurable ; Netanyahou parade sur le perron de l’Elysée ou ailleurs et étale son insolence et sa morgue.
Avec Leila Shahid, les opinions publiques doivent contraindre les pays dits civilisés à entendre les cris de la jeunesse palestinienne, à écouter ses appels au secours pour que cesse le génocide commis par Israël.
Peut-on encore espérer voir un jour prochain Leila Shahid, femme remarquable d’intelligence et d’engagement, pouvoir aller et marcher librement dans Gaza et Jérusalem, bref dans son pays, dans la patrie qu’elle affectionne.