Regardons en face : le football est à l’image de la société, gangréné par le fric. Et, pour tout dire, bien malade. Une fois encore, la finale de la Coupe d’Europe de football s’est terminée par une victoire par un tout petit but, après une rencontre de petite qualité, mais, parfois, d’une grande violence.

La finale était ‘’anglaise’’, à écouter les spécialistes 100 % british ; elle opposait Chelsea, le club de Londres, à Manchester City, une cité industrielle au nord-ouest de Londres qui a perdu ses industries pour devenir un important pôle financier, semant la misère dans de nombreux quartiers.

Au-delà du ballon rond, la rencontre opposait deux propriétaires non britanniques, à la tête d’immenses fortunes. Le Chelsea FC est l’une des activités parmi des centaines d’autres de l’oligarque russo-israélien Roman Abramovitch, quand City est la vitrine d’un autre oligarque, Khaldoon Al Mubarak, venu, lui, des Emirats arabes unis et contrôlant le Groupe uni d’Abu Dabi.

Les deux clubs opposés hier soir ont leur siège en Angleterre, mais les équipes sont très internationales ; sur les 30 joueurs ayant participé à la rencontre (titulaires et remplaçants), on a dénombré 15 nationalités différentes (européennes, brésiliennes, argentines, africaines ou encore nord-américaines). Les joueurs anglais étaient peu nombreux, 3 à Chelsea et 4 à Manchester.

La victoire de Chelsea ne doit donc pas grand-chose au football anglais et ne démontre en rien ses qualités et sa bonne santé.

Les oligarques gèrent leurs clubs comme ils gèrent leurs affaires, à coups de millions quand il ne s’agit pas de milliards ; leurs entraîneurs ont une obligation de résultats immédiats à la hauteur des investissements. En France, le PSG contrôlé par le Qatar a adopté les mêmes méthodes et présente une véritable sélection des meilleurs joueurs.

Mais l’argent ne rend pas nécessairement intelligent, ce serait absurde de le penser ; les résultats ne s’achètent pas quand le ballon peut avoir des rebonds imprévisibles ; à l’issue d’une rencontre, il y a un vainqueur et un vaincu. Les oligarques n’aiment pas être du côté des vaincus, ils n’hésitent pas à couper les têtes en cas de revers.

C’est l’aventure qui est arrivée à l’entraîneur de Chelsea, Thomas Tuchel, chassé et licencié par les Qataris du PSG à Noël et aussitôt recruté par le club londonien. Cinq mois plus tard, il remporte la Coupe d’Europe. Thiago Silva, le défenseur central du club londonien, avait dû quitter Paris en juillet dernier, jugé insuffisamment compétitif et trop âgé. Il avait rejoint lui aussi Chelsea.

Les deux hommes tenaient leur revanche, en forme de désaveu envers la politique des qataris du PSG !

Après avoir dépensé un fric fou, Roman Abramovitch se frotte les mains et plastronne. Nasser al-Khelaïfi, le président du PSG, fait grise mine après sa déconvenue en Coupe d’Europe et la perte du titre de champion de France. Son investissement de 222 millions d’euros en 2017 dans la ‘’star’’ brésilienne, Neymar, est raté. Mais il va continuer à sortir ses pétrodollars pour gagner.

Pendant ce temps-là, des milliers d’ouvriers immigrés trouvent la mort sur les chantiers de construction des stades du Qatar.

Le football, comme la société est malade du fric. Les oligarques ‘’font joujou’’ avec les footballeurs, leurs salariés sont maltraités. Tant qu’il y aura des oligarques rendus fous par l’argent qu’ils brassent, il sera difficile d’envisager une amélioration effective et substantielle de nos conditions de vie et un progrès de l’humanité