L’Observatoire des multinationales est une association réalisant des études et des investigations sur les activités des entreprises multinationales françaises ; elle décrypte l’actualité économique. Elle est associée à la Fondation suisse Charles Léopold Mayer, de tendance social-démocrate qui « soutient par ses dons des mouvements et des organisations de la société civile dans leurs actions de plaidoyer en faveur d’une transition sociale et écologique ».

L’Observatoire vient de publier une remarquable étude intitulée « Allo, Bercy ? Pas d’aides publiques aux grandes entreprises sans conditions », qu’on peut consulter sur son site

On peut y lire que « en pleine pandémie et alors que 100% de ses membres touchent des aides publiques liées au COVID19, le CAC40 réussit l’incroyable performance de verser près de 51 milliards d’euros à ses actionnaires (+22%), soit l’équivalent de 140% des profits qu’il a réalisés en 2020. BlackRock et les grandes familles capitalistes françaises en sont les grands bénéficiaires, avec le soutien tacite de l’État français qui touche lui aussi une part de ces dividendes. »

On y apprend que Total, par exemple, a versé 7,615 milliards d’euros en dividendes et rachats d’actions au titre de l’année 2020 payés en 2021. Total est le champion toutes catégories, devançant Sanofi (4,818 milliards), Axa (3,716 milliards), LVMH (3,041 milliards), etc.

Le principal bénéficiaire de cette généreuse distribution de dividendes est le fonds BlackRock, qui, présent dans la quasi-totalité des grandes entreprises françaises, a touché 1,1686 milliards en 2021 au titre de 2020. Mais, l’Observatoire révèle que l’Etat français a touché, lui, 1,618 milliards, plus que le groupe de Bernard Arnault avec 1,465 milliards ou le groupe Bolloré avec 759 millions.

L’Observatoire note aussi que « plus de 80% des groupes du CAC40 ayant recours au chômage partiel ont versé un dividende en 2020 ou 2021, y compris des groupes soupçonnés d’en avoir abusé. Dans le même temps, le CAC40 prévoit de supprimer 62 486 emplois dans le monde et 29 681 en France. Les actionnaires du CAC40 reçoivent l’équivalent de 815 000 euros par emploi supprimé. Qu’ils aient continué à verser de généreux dividendes malgré la crise sanitaire (Danone, Sanofi, Total) ou qu’ils aient dû être sauvés à grand renfort de milliards d’euros par les pouvoirs publics (Renault, Safran), les piliers du CAC40 se rejoignent dans la même stratégie de long terme de réduction de leurs effectifs, notamment en France. »

L’Observatoire relève que « avec 155 milliards d’euros débloqués pour soutenir les entreprises entre mars et décembre 2020, la France est, selon les données publiées par la Commission européenne, championne d’Europe en la matière. Ces 155 milliards viennent s’ajouter aux 150 milliards d’aides aux entreprises déjà en place avant la pandémie. » 

Mais il dénonce que ces aides ont été distribuées « sans conditionnalité sociale, écologique et fiscale digne de ce nom.  Plus d’un an après le début de la pandémie, rien ne justifie que ni le législateur ni le citoyen ne sache précisément qui a bénéficié, et pour quel montant, de l’argent public. »

Alors, la crise ? Quelle crise ? Les citoyens ne sont pas destinés à toujours observer la valse des milliards.