Il est des jours où le stylo se refuse à écrire, le chagrin et les sentiments sont trop lourds pour lui.

C’est le cas aujourd’hui, après l’annonce d’une nouvelle par nos meilleurs amis, le décès de leur petite-fille. Elle était une adolescente belle et intelligente ; elle avait à peine 16 ans et elle s’est suicidée.

L’annonce, effroyable, nous a plongé dans une tristesse indicible. Il est dans la nature des choses que nous, les aînés, disparaissions avant nos enfants et petits-enfants ; pas l’inverse.

Nos enfants et petits-enfants sont l’aurore, comme l’écrivait Victor Hugo dans son admirable L’art d’être grand-père. Que sera l’aurore sans le sourire de Salomé ?

Nous sommes assaillis de questions et nous ne savons pas y répondre. A aucune et cette incapacité nous plonge encore plus profondément dans l’angoisse.

Comment, à 16 ans, vouloir quitter ce monde où son avenir s’annonçait radieux et ne demandait qu’à éclore ? Ce monde, notre monde, est-il si noir ?

La jeunesse a besoin de rêves et nous n’avons sans doute pas fait ce qui était de notre responsabilité pour que Salomé (et, avec elle, toute la jeunesse d’aujourd’hui) puisse encore rêver.

Tant que sur cette terre nous devrons pleurer les Salomé, quittant parents, frères, grands-parents, amis, professeurs, avec la brutalité du suicide, nous autres, les vieillards qui avons vécu et sans doute mal préparé l’avenir pour ouvrir des horizons à nos enfants, nous serons poursuivis par les remords. Si la terre est si laide, si noire et si peu vivable, nous devrons encore puiser dans nos forces déclinantes toute l’énergie possible pour la changer.

Redonnons du rêve à ces êtres qui veulent fuir le mal et les horreurs.

N’oublions pas ce sourire de Salomé englouti à jamais ! Son innocence anéantie !