Les Etats-Unis et Trump, la Hongrie et Orban, la Turquie et Erdogan, la Pologne et Kaczynski, la Russie et Poutine, l’Italie et Bepe Grillo, le Brésil et Temer, Israël et Netanahyou : comment ces pays ont-ils pu confier leur avenir à de si dangereux leaders ?

Et la France ? Elle a élu un président intelligent sans doute, intellectuel assurément, mais il adopte une posture identique à celle des voyous cités-ci-dessus ; il se complaît dans le mensonge et les promesses non tenues, aussi. Il ne fait pas preuve d’originalité en pratiquant une politique antisociale et violente pour les faibles, pleine d’attention pour les riches et les patrons, un interventionnisme armé sur différents théâtres d’opérations aux relents colonialistes ou impérialistes de défense des intérêts des pétroliers. Surtout, il cultive avec gourmandise l’art du cynisme.

Emmanuel Macron se distingue intellectuellement de Trump, certes, mais comment peut-il se déclarer l’ami d’un président aussi ignorant et d’une bêtise aussi abyssale ? Parce que comme Trump il fait ce qu’il a dit ? Parce qu’il est le leader d’un capitalisme revenu à ses origines des siècles passés où la loi du plus fort (les plus riches) écrasaient les faibles (les pauvres).

Quand au cours d’une seule journée, l’Assemblée nationale refuse de mentionner dans le loi la date de l’abandon du glyphosate, Darmanin ose affirmer qu’il y a trop d’aides sociales, le gouvernement s’apprête à stopper le remboursement des médicaments contre la maladie d’Alzheimer, à livrer les HLM au privé et le littoral aux promoteurs du béton partout, le président de la République tresse des louanges à Serge Dassault, un homme condamné par la justice, le même président se prête à une opération de communication pitoyable en recevant le jeune Malien Mamoudou Gassama, le préfet de l’Isère tance le maire de Grenoble coupable d’avoir honoré Cédric Hérou, le militant de l’humanitaire de la vallée de la Roya qui ose venir en aide aux réfugiés, c’en est trop. La liste n’est hélas pas exhaustive.

La politique d’Emmanuel Macron vient de loin : s’il ne respecte pas ses engagements de campagne, s’il tourne en dérision (et parfois insulte) les faibles qui luttent, c’est pour remplir une mission dictée par ses bailleurs de fonds et les banquiers qui l’ont fait millionnaire, à savoir tenter de sauver le capitalisme (on dit libéralisme aujourd’hui) à bout de souffle et de plus en plus inégalitaire.

Il sait que, élu sur sa jeunesse, il mène une politique vieille comme le capitalisme ; il continuera à mentir (et il sait que nous le savons), à faire preuve d’autoritarisme et à défendre l’indéfendable. Il jugule et manipule les médias pour pouvoir continuer à mentir sans vergogne. Il n’a pas le choix depuis qu’il a épousé la cause des riches contre les pauvres, sous peine d’être répudié.

La société française est asservie et soumise au mensonge permanent ; la seule vérité est celle de Macron et du milieu des affaires, ce milieu peu ragoûtant qu’il invite à Versailles ou à Paris, vantant ses réformes antisociales pour se faire reconnaître et pour attirer les casseurs de droits sociaux et de syndicalistes.

Macron est prêt à tout pour casser le front uni des salariés de la SNCF ; au cœur de l’été, il avait reçu les secrétaires généraux de syndicats dits réformistes pour leur faire avaler la casse du code du travail. Aujourd’hui, on apprend qu’il a reçu « secrètement » le secrétaire général de la CFDT pour parler, dit-on, du climat social. Pourquoi ce secret qui en dit long sur le cynisme du président et sur le degré de compromission de certains syndicalistes.

En revanche, nul secret n’entour la réception de Mamoudou Gassama à l’Elysée. Macron, entouré de caméras serviles, tente de faire croire qu’il a encore un peu d’humanité ; devant ce pauvre réfugié, il ment et se ment à lui-même. Car, pendant le même temps, son ministre de l’intérieur est chargé du sale boulot, celui d’expulser les réfugiés et de sanctionner leurs défenseurs.

Depuis longtemps, les peuples sont soumis aux mensonges d’élus sans foi et on se réconforte en répétant que l’histoire leur demandera des comptes. Mais rares sont ceux qui ont été inquiétés.

Tous ensemble, nous rêvons à un autre monde, plus humain, plus propre, où le mensonge ne pourrait plus ternir la chose publique. Mais que faisons-nous pour qu’il en soit ainsi ?