Ian Brossat, porte-parole du Parti communiste, a qualifié l’interview d’Emmanuel Macron sur TF1 et France 2 de lénifiante et a fustigé son vide sidéral. Lénifiante, certes, mais vide, son discours ne l’était pas. Désolé, camarade !
Enfoncer le clou en ressassant « l’ordre, l’ordre, l’ordre » pour que le peuple des banlieues (sans doute analphabète comme les ouvrières des abattoirs) comprenne bien, puis annoncer que « notre pays a besoin d’un retour à l’autorité à tous les niveaux, et d’abord dans la famille », avant de proclamer que, parmi les chantiers prioritaires, figure « l’autorité parentale » fait programme réactionnaire en faisant porter les problèmes sur les épaules des familles !
S’abstenir de condamner les déclarations du directeur de la police nationale, rendre hommage aux forces de l’ordre et souligner le « travail remarquable en particulier pendant les émeutes » à Darmanin n’est pas vide de sens, ni anodin.
Macron est peut-être à bout de souffle, mais il multiplie les mots vantant l’autorité et la répression. Il prend même, ostensiblement, ses distances avec la devise de la République, Liberté, Egalité, Fraternité, figurant dans le discours de Robespierre en décembre 1790 sur l’organisation des gardes nationales.
Il apparaît désormais que l’héritage de la Révolution lui est aussi insupportable que le programme du Conseil national de la Résistance (CNR) ; il est plus proche de la devise du régime de Vichy, Travail, Famille, Patrie, quand Pétain écrivait dans la Revue des deux mondes en 1940 : « Lorsque nos jeunes gens (…) entreront dans la vie (…) nous leur dirons (…) que la liberté réelle ne peut s’exercer qu’à l’abri d’une autorité tutélaire, qu’ils doivent respecter, à laquelle ils doivent obéir (…) Nous leur dirons ensuite que l’égalité (doit) s’encadrer dans une hiérarchie, fondée sur la diversité des fonctions et des mérites (…) Nous leur dirons enfin qu’il ne saurait y avoir de fraternité véritable qu’à l’intérieur de ces groupes naturels que sont la famille, la cité, la Patrie. »
La référence n’est pas flatteuse pour un ancien assistant éditorial de Paul Ricoeur et pour un président qui se veut (encore) moderne et décomplexé. La rupture avec les engagements de son maître est totale.
Le glissement vers un régime toujours plus autoritaire se cache aussi dans le choix des mots.