Le CSA organise un colloque intitulé ‘’Médias, libertés et création’’ à l’occasion de son 30e anniversaire.  Quatre tables rondes sont au programme : ‘’Quels nouveaux formats, quels nouveaux usages ?’’, ‘’Quel accès à l’information à l’heure des plateformes ?’’, ‘’Quels défis pour la création à l’heure du numérique ?’’, ‘’Vers un nouvel espace européen des médias ?’’.

Rien de très original, donc, mais autant de questions qui pouvaient laisser espérer des débats pluralistes, donnant la parole à toutes les sensibilités et à toutes les catégories de ceux qui informent, qui créent et réfléchissent à ce que devrait être une télévision intelligente aujourd’hui.

Espoir vite douché à la lecture des invités. Des patrons, des patrons, encore des patrons. Tout le gratin de ceux qui dirigent les chaînes où le seul horizon est l’Audimat et les revenus publicitaires. Les patrons qui ont le même point commun en ce printemps : supprimer des emplois.

Au CSA, on cultive l’équité plutôt que le pluralisme, mais surtout on cultive l’entre-soi.

Nul doute que les tables rondes seront polies et consensuelles et seront surtout l’occasion de se retrouver pour échanger des amabilités et peut-être même des compliments dans le plus pur style faux-cul. Alors, il y aura un moment où tout ce beau monde refera son unité pour renouveler des revendications en terme de chronologie des médias, de charges, de financement. Sur un air connu.

L’autorité publique française de régulation de l’audiovisuel à l’heure d’Emmanuel Macron est bien sage, bien policée et ne prend pas le risque de troubler un président de la République attentif à tout, notamment quand il s’agit des médias.

On peut rêver à quatre tables rondes avec des journalistes censurés par Bolloré, ou ceux de l’émission ‘’Comme un bruit qui court’’ qui ne sera pas reconduite sur France Inter, des réalisateurs réduits quasiment au chômage. Ou encore les journalistes chargés de réaliser des messages pour les abonnés au téléphone du groupe Altice.

Hélas, cela reste du domaine du rêve. Le CSA a depuis longtemps banni ce qui apparaît trop militant, comme l’émission « Comme un bruit qui court’’…