Ce n’est plus une révélation : le fric a fait main basse sur le sport. La politique aussi.

Doit-on s’étonner de voir le Tour d’Italie, le Giro, partir d’Israël ? Il est parti de Jérusalem et les coureurs feront étape, samedi et dimanche, dans le nord et le sud d’Israël. Doit-on dire, selon la formule reprise à propos de tout (surtout à propos des grèves) et de rien que les coureurs ont été pris en otage ?  

Netanyahou se frotte les mains, au lendemain de ses grossiers mensonges sur le nucléaire iranien.

Si le Tour de France a désormais habitué les amoureux du vélo de ses escapades en Angleterre, en Belgique, en Allemagne, en Suisse ou en Italie, c’est la première fois qu’un des trois « grands tours » cyclistes (France, Italie et Espagne) quitte l’Europe.

Cette incursion en Israël ne doit donc rien au hasard ; outre l’intérêt économique pour faire la promotion d’une destination touristique, le choix est très politique.

Les médias israéliens et italiens rapportent que le pays hôte a payé entre 10 et 27,5 millions d’euros selon les sources pour les trois étapes et qu’un homme d’affaires canadien, Sylvan Adams, milliardaire qui a fait fortune dans l’immobilier au Québec avant de s’établir à Tel Aviv, a été le promoteur de l’opération. Pas pour aider Netanyahou ?

La remise du maillot rose de leader de l’épreuve à Jérusalem est une aubaine pour un premier ministre empêtré dans de sordides affaires judiciaires et qui tente tout pour y échapper, y compris en se livrant à une escalade belliqueuse avec les Palestiniens et le régime iranien.

Dans un monde où tout s’achète, surtout quand on est milliardaire, les propriétaires du Giro n’ont pas refusé les euros d’Israël. L’épreuve est la propriété d’un groupe de presse, le groupe Rizzoli-Corriere della Serra (RCS), éditeur de quotidiens en Italie, en Espagne, au Portugal, en Argentine, et au Chili, de magazines, de chaînes de télévision, de sociétés de production audiovisuelle, etc. Il a été brièvement propriété de Berlusconi avant d’être repris par un homme d’affaires, Urbano Cairo.

Après l’opération politico-économique réalisée par Israël, on imagine combien il sera délicat pour les journalistes de RCS de traiter des événements tragiques du Proche-Orient dans lesquels l’état hébreu joue le sale rôle qu’on sait.

Qui gagnera le plus dans l’opération ? Netanyahou ou RCS ? Qui a tout à perdre ? Les journalistes et la liberté d’informer !