Philippe Tesson, journaliste, patron de presse et passionné de théâtre et de littérature est mort. De lui, le quotidien vespéral retient qu’il était non conformiste, au parcours digne de héros balzacien, qu’il avait les yeux bleus et malicieux et, évidemment, avec ces qualités, il était séducteur et débordant d’énergie.

Alain Beuve-Méry ajoute que, pour lui, l’argent était avant tout un moyen, pas une fin. Sans préciser qu’il était devenu un patron de presse d’une droite de combat grâce à la fortune de son épouse.

Le Monde termine par une formule inquiétante : « Pour lui, le journalisme devait servir avant tout à poser des questions. Et la presse oser, cultiver l’impertinence et déranger. » La haine de celui qui n’est pas français n’est pas de l’impertinence, mais un délit.

Philippe Tesson avait vraiment livré le fonds de sa pensée en janvier 2015 sur Europe 1. Emporté, il avait déclaré : « D’où vient le problème de l’atteinte à la laïcité, sinon des musulmans ? On le dit, ça ? Ben moi je le dis (…) C’est pas les musulmans qui amènent la merde en France aujourd’hui ? Il faut le dire, quoi ! »

Cette infamie lui avait valu d’être invité dans de nombreuses émissions qui lui avaient tendu le micro avec gourmandise. Par exemple, sur France Inter, Léa Salamé s’était particulièrement distinguée en débutant son interview par « Qu’est-ce qui s’est passé ? Que vous est-il arrivé ? » Tesson n’en demandait pas tant : « Je crois que je n’ai pas complètement tort, tout le monde en convient, s’il y a un problème avec la laïcité, ce ne sont pas les chrétiens qui le posent pour l’instant […], ce sont les musulmans (…) Ce qui a créé le problème, ça n’est quand même pas… C’est pas les Français (…) D’où vient le problème ? D’où vient le problème de l’atteinte à la laïcité sinon des musulmans ? ».

Léa Salamé n’avait rien trouvé à redire à ces propos racistes.

Tesson s’est encore longuement exprimé le lendemain sur France 5 dans l’émission C à vous, animée alors par Anne-Sophie Lapix, même s’il y a été plus bousculé.

Quant au Monde, il titrait alors : « Philippe Tesson admet un « dérapage » sur les musulmans, mais se défend « sur le fond » ».

Les propos de Philippe Tesson sont scandaleux, mais la mansuétude des médias à son égard sont insupportables. Il n’est pas étonnant, aujourd’hui, que Le Monde passe sous silence les propos diffamants dans son article nécrologique.

La haine des musulmans était viscérale chez Tesson, un grand bourgeois à l’instinct de classe fortement ancré. Un voyou.