Il est à croire que le capitalisme ne peut se sauver que par le mensonge. Un énorme mensonge permanent.

Le groupe Amazon, un monstre de multinationale, a réalisé un chiffre d’affaires de 514 milliards de dollars en 2022. Mais ses dirigeants on fait en sorte de dégager un déficit de 2,7 milliards. Le PDG, Andy Jassy, reste cependant confiant et justifie un certain nombre de mesures drastiques comme le licenciement récent de 18 000 salariés ou la fermeture de magasins physiques. Des mesures jugées indispensables pour des jours heureux, demain. Pour les actionnaires !

Les politiques, eux aussi, pratiquent l’art du mensonge.

Dans le dernier numéro de Charlie Hebdo, l’économiste Jacques Littauer, fustige la première ministre Elisabeth Borne, coupable d’avoir prononcé cinq mensonges en cinq minutes en direct sur France 2.

Jacques Littauer a donc relevé cinq mensonges pour, dit-il, « agiter des épouvantails et nourrir des peurs infondées » et, ainsi, justifier la réforme des retraites.

Elisabeth Borne a affirmé que le système de retraites est en déséquilibre ; une affirmation contredite par le président du Conseil d’orientation des retraites (COR)

Puis elle a mis en avant un problème démographique : « Demain on va avoir moins d’actifs pour payer les pensions des retraités ». Le journaliste prouve qu’il n’y a aucun effondrement démographique, contrairement à ce qu’Elisabeth veut nous faire croire.

Il a reçu le renfort argumentaire d’Hervé Le Bras, démographe, émérite à l’Institut national d’études démographiques (INED), et historien à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) qui, dans Le Monde, ajoute : « Dans sa récente intervention, [la première ministre] Elisabeth Borne a insisté à nouveau sur l’urgence de la réforme des retraites en raison d’une grave menace de déficit sur l’équilibre du système. Pour la justifier, le gouvernement s’appuie sur le rapport du COR, rapport administratif, et non pas scientifique. Ce document privilégie des scénarios irréalistes en matière de mortalité. Il reprend les dernières projections de baisse moyenne et forte calculées par l’Insee, sans rien dire de la projection de baisse faible. Or l’évolution récente plaide en faveur d’une faible augmentation de l’espérance de vie. »

Ensuite, elle a prétendu que l’opposition n’a pas de proposition, quand Jacques Littauer relève que « La majorité s’est justement caractérisée par sa fermeture et son refus de toute réelle concertation, jusqu’à s’aliéner la CFDT, ce qui est quand même très fort. »

Pour la première ministre, l’absence de réforme va « casser la dynamique des créations d’emplois dans le pays, donc c’est baisser le pouvoir d’achat et augmenter le chômage ». Jacques Littauer met Elisabeth Borne de créer les centaines de milliers d’emploi dans l’écologie, la santé et l’éducation, plutôt que d’attiser le sentiment anti-impôts.

Enfin, Mme Borne utilise honteusement la crise du Covid, la guerre en Ukraine et la crise climatique. « Autrement dit, le pays va très mal » en conclut Jacques Littauer et la première ministre tente malgré tout d’accréditer l’idée qu’elle mène une réforme inutile, laisse s’effondrer les services publics, tout en faisant s’envoler la dette publique par ses cadeaux aux riches et aux entreprises, pour le bonheur de tous demain.

L’art du grand mensonge n’est pas chose aisée ; Amazon ou Elisabeth Borne ne sont pas les stratèges capables de faire avaler d’aussi grosses couleuvres aux manants, aux gueux et aux analphabètes. Le système est à bout de souffle et les citoyens ne sont plus dupes, ils ont compris qu’ils sont honteusement manipulés comme en témoigne le nombre de manifestants battant le pavé contre la réforme des retraites.

Le grand mensonge, plus personne n’y croit.