Emmanuel Macron a choisi : il commémore la mort de Napoléon plutôt que le Commune. A chacun ses valeurs. Son entourage tente de faire diversion en précisant benoitement que commémorer n’est pas célébrer. Foutaise.

Le discours du président de la République a une haute portée symbolique, deux jours après la Journée mondiale de la liberté de la presse pour laquelle il s’est contenté d’un court message de soutien aux journalistes. Les lois liberticides de son quinquennat ne l’autorisaient guère à faire plus.

Dans son discours il a oublié de rappeler que Napoléon a été le pire ennemi des journalistes. Après le coup d’Etat du 18 Brumaire (9 novembre 1799), il déclarait : « Si je lâche la bride à la presse, je ne resterai pas trois mois au pouvoir. »

Dès les premiers jours du Consulat, un décret du 27 Nivôse An VIII (17 janvier 1800) supprimait soixante-treize journaux du département de la Seine, et en limitait le nombre à onze (il sera réduit à quatre en 1810), rétablissait l’autorisation préalable, abolie en 1789, et instaurait la censure. Puis il autorisa un seul journal par département.

Avec Napoléon, tous les moyens d’expression furent l’objet de contrôles stricts, tatillons et les procédures se multiplièrent pour faire taire ceux qui osaient la moindre critique.

Emmanuel Macron n’aura pas un mot pour évoquer la situation de la presse sous le règne de Napoléon ; peut-être parce que toute ressemblance avec la situation actuelle n’est sans doute pas fortuite !

Si Napoléon a gommé rageusement les libertés instaurées par la Révolution, Macron, lui, est en train de gommer l’esprit des Ordonnances de 1944 sur la presse.

Le pouvoir vertical applique décidément toujours les mêmes recettes pour se maintenir au pouvoir.