Laurent Joffrin a fait savoir qu’il se lançait en politique. La nouvelle est si importante qu’elle a entraîné de nombreux médias à lui accorder une large place, éclipsant presque la crise économique et sociale ou le lamentable sommet européen de Bruxelles.

Personne n’a osé faire remarquer que Laurent Joffrin fait de la politique depuis sa tendre jeunesse et, plus encore, depuis qu’il fait du journalisme. Il faut peut-être lui rafraîchir la mémoire en lui rappelant qu’en 1993, sur France 2, il s’était vanté de la conversion du Parti socialiste au libéralisme : « On a été les instruments de la victoire du capitalisme dans la gauche. »

Aujourd’hui, il tente de réunir cent-dix acteurs de la société civile autour de lui pour créer un « nouveau mouvement politique ». Il souhaite y associer le Parti socialiste, les radicaux de gauche, des écologistes (mais pas Europe Ecologie-Les Verts), des progressistes (mais ni la France insoumise, ni le Parti communiste). C’est-à-dire peu de monde, en vérité.

Jean-Christophe Cambadélis aurait joué un rôle éminent dans cette tentative de réunion de la gauche réformiste.

Cambadélis s’est déjà essayé à ce genre d’exercice ; en 1994, il avait organisé les Assises de la transformation sociale puis, plus récemment, il avait lancé le projet de Belle Alliance Populaire. L’ancien trotskiste lambertiste, proche de Jospin puis de Strauss-Kahn, avait réussi à se faire élire premier secrétaire du Parti socialiste de 2014 à 2017. Toutes ses expériences ont connu un tel succès que son parti était devenu moribond avec moins de 40 000 adhérents, accumulant les claques électorales mémorables.

Cambadélis est tellement dévalué sur la scène politique qu’il a jugé plus raisonnable de rester dans l’ombre pour mettre Joffrin, l’ancien Young Leader de la France-American Foundation, en pleine lumière.

La ficelle est grosse, même s’ils trouvent les 110 réformistes pour se lancer dans une basse opération politicienne comme savent si bien en mener les anciens trotskistes.

Au moment où toute la gauche réunie vient de gagner de nombreuses municipalités, l’opération baptisée anti-Macron n’est qu’une tentative de torpiller un vrai front commun, anti-libéral, tournant la page du néolibéralisme et de l’austérité, du capitalisme financier et productiviste.

Joffrin et Cambadélis ont-ils peur des multiples initiatives qui tentent de bâtir des jours heureux en faisant échec à Macron ?

Pauvre Joffrin !