Elie Barnavi, historien et ambassadeur d’Israël en France de 2000 à 2002, a qualifié les événements de Gaza de surprenants et prévisibles. Dans une tribune publiée dans le Monde, il s’étonne : « Comment l’armée la plus puissante de la région, l’une des premières au monde nous assure-t-on, comment des services secrets aussi performants, capables de localiser un chef terroriste au troisième étage à gauche dans un immeuble qui en compte trente, ont-ils été incapables de voir venir le coup, puis de le prévenir ? » Mais il considère que ces attaques du Hamas étaient prévisibles : « Ce que nous venons de subir n’est pas un décret du ciel. C’est la résultante d’une conjonction de deux facteurs : une organisation islamiste fanatique dont l’objectif déclaré est la destruction d’Israël ; et une politique israélienne imbécile à laquelle se sont accrochés les gouvernements successifs et que le dernier a portée à l’incandescence. »
De son côté, l’ONG Amnesty International n’exonère pas les responsabilités d’Israël dans la situation : « Les causes profondes de ces cycles de violence répétés doivent être traitées de toute urgence. Il faut pour cela faire respecter le droit international et mettre fin au blocus illégal qu’Israël impose à Gaza depuis 16 ans, ainsi qu’à tous les autres aspects du système d’apartheid israélien imposé à tous les Palestiniens. Le gouvernement israélien doit s’abstenir d’inciter à la violence et aux tensions en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, en particulier autour des sites religieux. Amnesty International appelle la communauté internationale à intervenir de toute urgence pour protéger les civils et empêcher de nouvelles souffrances. »
Elie Barnavi en appelle à la résurrection du ‘’processus de paix’’, et fait le procès des petits arrangements de Netanyahou avec l’extrême droite : « L’unique souci du premier ministre étant de s’extraire du mauvais pas judiciaire où il s’est fourré, il a composé sa coalition d’ultra-orthodoxes et de nationaux-religieux messianiques – la version juive du Hamas –, dont l’Etat de droit est le dernier souci, et avec lesquels il a conclu un pacte faustien : à lui la tête des juges de la Cour suprême, à eux la ‘’Judée-Samarie’’ biblique et le libre accès au mont du Temple, de plus en plus investi par les zélotes. Comme on sait, ce pacte a eu un prix : l’insurrection civile de l’Israël démocratique et libéral, le coup grave porté à la cohésion de l’armée et des services, l’atmosphère de guerre civile latente qui s’est installée dans le pays. Le Hamas, comme le Hezbollah dans le nord et son patron iranien à l’est, a bien étudié la situation. »
Les peuples, israélien et palestinien, sont les victimes des deux fanatismes religieux et d’un homme politique crapuleux, par milliers depuis plus de cinquante ans. Il est de la responsabilité de chacun d’agir pour contraindre la communauté internationale à revenir au processus de paix.