Raoul Sangla est mort. La nouvelle me plonge dans une tristesse infinie. L’homme était exquis, chaleureux, mais il avait aussi des convictions fortes.

Il est l’un de ceux qui avaient bâti une télévision française intelligente qui éduquait, informait et distrayait, notamment avec Stellio Lorenzi, Jean-Marie Drot et combien d’autres.

On se rappellera avec émotion de Discorama, l’émission présentée par Denise Glaser, où Raoul avait innové en montrant les équipes techniques au travail, non par coquetterie, mais pour montrer que la télévision est un travail d’équipe. Autrement dit, il avait une conception opposée à celle de la télévision d’aujourd’hui où les présentateurs sont des stars qui éclipsent ceux qui fabriquent les émissions.

Il avait défini ‘’sa’’ télévision par une formule choc « une télévision qui se mêle de ceux qui la regardent et de ce qui les regarde ». C’est fort de sa conviction qu’il avait imaginé une journal sur Antenne 2, baptisé Journal d’en France, où l’équipe allait dans les quartiers et faisait intervenir les citoyens. C’en était trop pour un pouvoir voulant contrôler toute l’information : le Journal d’en France, hebdomadaire, n’a connu que onze éditions entre septembre 1981 et février 1982. Trois fois hélas !

Raoul Sangla imagina aussi un journal tout en images, sans présentateur. Donc sans star du style de Poivre d’Arvor ou Ockrent. Le projet avait mis en émoi ceux qui ambitionnaient de se montrer à m’écran. Le projet n’a évidemment jamais vu le jour !

Raoul Sangla a été directeur de la Maison de la culture de Nanterre (de 1978 à 1981) puis, après 1984, il a travaillé à la création de télévisions locales.

Il laisse une œuvre immense et riche, à l’image de celle de son ami Marcel Trillat, récemment décédé lui aussi.

On comprend mal qu’aucun hommage ne lui ait été rendu par les chaînes de télévision (et même par les autres médias). Peut-être dérange-t-il encore ?

Nous, ses amis et camarades, nous ne l’oublierons pas.