Les députés du parti présidentiel ont eu recours à une argumentation honteuse pour rejeter une proposition de résolution visant à accorder le droit d’asile à Julian Assange, le lanceur d’alerte emprisonné en Grande-Bretagne, qui risque une peine de 175 ans de prison aux Etats-Unis.
Son délit ? Avoir révélé que les Etats-Unis avaient espionné des chefs d’Etat et des ministres.
Dans l’hémicycle M. Nicolas Turquois a osé dire : « Les lanceurs d’alerte sont aujourd’hui des garants importants de nos libertés et de notre démocratie », pour aussitôt trouver des arguments fallacieux pour ne pas voter en faveur de la résolution : « M. Assange est soumis aux décisions de la justice anglaise. Il se trouve dans un Etat qui garantit les libertés individuelles et où la justice est indépendante. La France n’a pas vocation à interférer dans les décisions juridiques souveraines de ses alliés. »
Son collègue, M. Jean-François Mbaye a adopté la même attitude en des termes inqualifiables : « Dès lors et quelle que soit l’appréciation que chacun est libre de porter sur les actions de Julian Assange, l’asile ne saurait en aucun cas être considéré comme une contrepartie à un service rendu, qu’il soit avéré ou supposé, car cela risquerait de déstabiliser tout un pan de notre droit et, avec lui, notre politique d’asile. »
De façon assez incroyable, c’est le ministre délégué chargé du commerce extérieur et de l’attractivité qui a été chargé de porter la parole gouvernementale. L’argumentaire est proche des précédents : « Interrogées au sujet de leur décision au cas où M. Assange demanderait effectivement l’asile politique, les autorités françaises avaient alors estimé qu’il n’y aurait pas lieu de répondre favorablement à cette demande, compte tenu d’éléments liés à la situation de fait comme à la situation juridique de l’intéressé : or, il n’apparaît pas que ces éléments aient évolué depuis. »
Résultat : nombre de votants 50, nombre de suffrages exprimés 48, majorité absolue 25, pour l’adoption 17, contre 31.
L’Assemblée nationale et la République en marche porteront une lourde responsabilité s’il arrive, par malheur, que Julian Assange soit extradé vers les Etats-Unis. Et Emmanuel Macron avec eux.
Selon la formule consacrée : continuons le combat. Pour les lanceurs d’alerte, pour Julian Assange, pour la démocratie.