Aujourd’hui (et depuis hier), j’ai du vague à l’âme ; un vieux copain nous a quitté et quel copain.
On s’était connu dans la rédaction du journal de mes débuts, Les Dépêches, à Dijon. Lui avait débuté dans la carrière quelques années plus tôt.
Il avait une coquetterie, se faire appeler Hélios et non Jean-Hélios. Mais en toute modestie. Il était un véritable homme de culture, ami de Pierre Debauche, le fondateur du Théâtre des Amandiers à Nanterre ; ils avaient créé ensemble un festival de théâtre à Pontarlier.
Hélios était un fervent défenseur de l’éducation populaire et, sans doute, était-ce cela qui l’avait orienté vers le journalisme.
Ensemble, nous avions fondé une section syndicale CGT dans la rédaction des Dépêches. Forcément, cela crée des liens d’amitié forte et sincère.
Ensuite, la folie concentrationnaire de la presse régionale nous avait séparé, mais on ne s’était jamais perdu de vue. Il y a quelques mois, il m’avait envoyé un recueil de nouvelles qu’il avait éditées à compte d’auteur. Elles valaient bien mieux, mais quel éditeur aurait osé publier les nouvelles d’un inconnu des milieux littéraires, très éloigné des boursouflures comme Houellebecq ou Musso. Il avait également commis un livre sur la guerre d’Algérie, cette saloperie de guerre qui a marqué notre jeunesse et nous a poussé à nous engager dans la construction d’un monde de paix et de bonheur.
Le bonheur, c’était ce qu’Hélios poursuivait ; un mot qu’on retrouve dans le titre de son recueil de nouvelles, L’Utopie du Bonheur. Il avait explicité ce titre par une citation de Voltaire : « Un jour tout sera bien : voilà notre espérance ; tout est bien aujourd’hui, voilà l’illusion. »
Un cancer a emporté mon ami Hélios, refusant une deuxième chimiothérapie. Et je suis profondément attristé.
Salut Hélios.