J’ai déjà évoqué le formidable foyer de culture du lycée Carnot à Dijon et, notamment, ce que je dois au ciné-club animé par un professeur de littérature (on disait français), Michel Cégretin.

J’avais ressenti une forte émotion à la projection du film Graine de violence de Richard Brooks (la programmation ne devait rien au hasard !). Pas seulement en entendant la musique de Bill Haley, Rock Around the Clock, dont a dit qu’il s’agissait de l’année zéro du rock, mais surtout en étant émerveillé par la performance d’un jeune acteur noir, Sidney Poitier (le lycéen), face à Glenn Ford (le professeur).

Graine de violence a contribué à forger ma prise de conscience politique ; comment ne pas être révolté devant le spectacle du racisme exacerbé d’une partie des enseignants, de la lutte de classe débouchant sur l’affrontement physique entre blancs et noirs dans un pays à la limite de l’apartheid.

Sidney Poitier m’avait alors fasciné ; il jouait juste, il jouait vrai. Il avait une présence lumineuse.

Graine de violence l’avait consacré et son autorité ne l’avait plus jamais quittée.

Il allait devenir un symbole de la lutte du peuple noir et pauvre des Etats-Unis ; son combat allait bientôt rejoindre celui du mouvement des droits civiques aux côtés de Martin Luther King. Il n’a jamais cessé la lutte pour l’égalité entre tous les hommes, quelle que soit la couleur de leur peau, en se servant de sa notoriété de façon intelligente mais déterminée.

J’ai alors suivi sa carrière avec attention. Car, il est de ces hommes qui ne laissent personne indifférent.

Graine de violence et Sidney Poitier sont restés gravés dans ma mémoire. Aujourd’hui, je suis triste en apprenant le décès du premier acteur noir oscarisé.