Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, a rappelé fort justement que tout n’est pas encore joué en ce qui concerne la réforme des retraites, malgré la volonté exprimée par le président de la République et les membres de son gouvernement de tourner la page et de passer à autre chose.

Sophie Binet s’est exprimée clairement sur France 2 (Télé-Matin) : « Il ne peut pas y avoir de retour à la normale si cette réforme n’est pas retirée. Ce 1er-Mai sert aussi à dire que nous voulons enfin que nos aspirations soient mises à l’ordre du jour : des augmentations de salaire, l’égalité entre les femmes et les hommes, une amélioration des conditions de travail et la prise en compte des enjeux environnementaux. » Elle a ajouté que la réduction du temps de travail et le passage à la semaine de 4 jours était également à l’ordre du jour.

Tout n’est pas joué alors que la loi a été promulguée ?

Le rapport de force est toujours du côté des citoyens et de leurs organisations syndicales (unies) ; les manifestations du 1er mai en sont une nouvelle preuve. Ensuite, un projet de loi, simple et clair, a été déposé par le groupe LIOT (rejoint par le groupe communiste). Il ne comporte que deux articles, le premier disant : « La loi n° 2023‑270 du 14 avril 2023 de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2023 est abrogée. » Les députés vont enfin pouvoir voter sur la réforme, ce que Macron et le gouvernement ont refusé en usant et abusant des dispositions antidémocratiques comme le 49-3. Ceux qui ont hésité à voter la motion de censure du gouvernement auront ainsi l’occasion d’exprimer leur désaccord avec une réforme inutile et antisociale.

Par ailleurs, le Conseil constitutionnel doit aussi se prononcer sur la demande d’organisation d’un Référendum d’initiative populaire (RIP).

Tout n’est pas joué. Tout est encore possible.

C’est l’inénarrable Dominique Seux (la voix de son maître) qui donne de nouveaux arguments aux opposants dans sa chronique libérale quotidienne sur France Inter :

« Combien rapporte-t-elle, cette réforme qui prévoit le relèvement de l’âge légal de départ à 64 ans ? Eh bien, on trouve l’information dans un document du ministère des Finances adopté en conseil des ministres la semaine dernière : il s’agit du « Programme de Stabilité » que tous les pays européens doivent transmettre chaque année à Bruxelles pour indiquer aux autres pays leur politique économique – ce qui est logique quand on partage la même monnaie. En 2027, la réforme des retraites elle-même rapportera en net 8 milliards d’euros, auxquels Bercy ajoute 9 milliards d’euros : ce sont les cotisations sociales et les impôts en plus qui rentreront avec l’amélioration espéré de l’emploi des seniors et de la croissance. Soit donc un effet total 9 + 8 = 17 milliards d’euros sur les comptes publics français (…) La réforme des retraites a donc bien un objectif de redressement des finances publiques : sans elle, le gouvernement ne pourrait pas ramener le déficit public sous les 3% du PIB. »

L’argument avait été réfuté par le gouvernement ; Dominique Seux contredit ceux qu’il est censé servir ! Il n’est pas allé jusqu’à avouer que ce sont les salariés (surtout les femmes) et les retraités qui paieront pour respecter les règles ultralibérales de Bruxelles. Mais les citoyens ont compris et continueront à exiger le retrait de la loi avec plus de force encore.