La France, pays des Droits de l’Homme ? Est-ce encore vrai ?

Aujourd’hui, 3 mai, alors qu’on célèbre dans le monde entier la Journée internationale de la liberté de la presse, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) estime qu’elle a fait un nouveau pas en arrière et que la liberté d’expression n’est pas le moteur des autres droits de l’homme qu’elle devrait être.

Alors, certes, il y a de nombreux pays où les gouvernements prennent des mesures pour entraver la liberté d’expression. Certes, il y a des journalistes tués, emprisonnés, torturés pour avoir voulu faire leur métier en Iran, en Turquie, en Chine, en Russie, en Afghanistan, etc. Mais, pour autant, peut-on se réjouir de la situation en France quand Bolloré vide des rédactions entières, quand des journalistes sont menacés comme en Bretagne, quand la ‘’parole officielle’’ est entre les mains d’éditorialistes idéologues et réactionnaires, quand le service public de l’audiovisuel a vu disparaître la redevance, etc.

Et que dire des entraves à l’accès aux sources d’information et aux documents administratifs ? Faut-il s’accoutumer à la couverture scandaleuse des manifestations par nombre de médias, des mesures législatives prises par le pouvoir pour limiter le travail des reporters sur le terrain social, de la violence policière qui s’exerce parfois contre les journalistes ?

La liberté d’expression ne se découpe pas ; aussi, on doit être révolté quand Gérald Darmanin écrit à la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté « qu’elle excède ses compétences » pour avoir osé dénoncer dans un récent rapport « une instrumentalisation des mesures de garde à vue à des fins répressives ». Dominique Simonnot avait en effet constaté, une fois de plus que, sur 281 gardes à vue à la suite de la manifestation du 1er mai à Paris, 124 ont donné lieu à un classement sans suite.

Si la guerre de Poutine en Ukraine est monstrueuse, avec ses atteintes aux droits de l’homme quotidiens et inacceptables, que penser de Thierry Breton, ex-ministre et aujourd’hui commissaire européen en charge du marché intérieur, qui se déclare « confiant que d’ici à douze moins, nous pourrons monter notre capacité de production à 1 million de munitions par an en Europe », appelant les industriels français à « passer en mode économie de guerre ».

Le commissaire rappelle que l’Union européenne doit continuer à aider l’industrie de l’armement, à hauteur d’1 milliard d’euros via la Facilité européenne de paix (FEP). On croit rêver !

Si on suit bien le discours de Thierry Breton, la paix n’est donc pas pour demain. Aux discours de guerre, nous préférons les appels à la paix et les actes pour y parvenir au plus tôt pour épargner des vies, des malheurs et des atteintes aux droits de l’homme. Plus que jamais, Jacques Prévert avait raison, « Quelle connerie, la guerre ! ».

Décidément, ce sont toutes les libertés qui sont menacées ici et ailleurs. Les citoyens de bonne volonté et humanistes doivent se lever pour exiger le respect de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Vite. La situation est grave !