Un décret publié furtivement par le gouvernement (il est signé le 2 décembre par le premier ministre Castex, le ministre de l’intérieur Darmanin et le ministre des Outre-mer Lecornu) vient de modifier le code de la sécurité intérieure. On ne peut pas s’empêcher de penser à l’expression de sinistre mémoire de ‘’l’ennemi intérieur’’.

Le seul énoncé de ce code fait froid dans le dos. Mais, après les modifications, il fait peur en faisant entrer le pays des Lumières dans un système encore un peu plus autoritaire. Darmanin joue de la surenchère de façon quotidienne ; qui l’arrêtera ?

Le fameux code a permis la constitution de trois fichiers de Prévention des atteintes à la sécurité publique (PASP), de Gestion de l’information et de la prévention des atteintes à la sécurité publique (GIPASP) et des Enquêtes administratives liées à la sécurité publique (EASP) ; ceux-ci recensant les données relatives à des individus dont les activités peuvent constituer une menace pour la sureté de l’Etat et les intérêts fondamentaux de la nation. A ce jour, ces fichiers contenant environ les noms de 40 000 personnes sont à la disposition des services de renseignement, de police et de gendarmerie.

Le décret vient d’élargir les possibilités de fichage en élargissant « la collecte, la conservation et le traitement de données concernant les personnes mentionnées à l’article R. 236-21 et relatives à des signes physiques particuliers et objectifs comme éléments de signalement des personnes ; à des opinions politiques, des convictions philosophiques, religieuses ou une appartenance syndicale et à des données de santé révélant une dangerosité particulière. »

Les citoyens pourront dorénavant être fiché pour leurs opinions politiques, syndicales et leurs convictions religieuses, pratiques hier illégales, et pas seulement pour leurs activités.

Le projet répressif du pouvoir en place se précise chaque jour par décret, évitant ainsi le débat parlementaire et la contestation des associations de défense des libertés fondamentales.

Le décret est scandaleux, liberticide (un qualificatif que l’on est amené à employer hélas trop souvent dans la période actuelle) et personne n’est assuré de sa confidentialité. Qui prendra le pari que les renseignements sur un citoyen ne seront jamais communiqués à un employeur potentiel ?

Quel formidable recul des libertés publiques où l’adhésion à un parti, un syndicat ou une association est conservée dans des fichiers de police.

Par ailleurs, l’exécuteur des basses œuvres de Darmanin, le préfet de Paris Didier Lallement, vient de signaler à son tour, si l’on en croit un tract du syndicat UNSA Police qui révèle : « Bien que jetés en pâture par la sphère médiatique, le préfet de police octroie à nos collègues du 17èmearrondissement de Paris la protection fonctionnelle. L’UNSA Police a été entendu ! La présomption d’innocence pour nos collègues doit rester la règle quels que soient l’opinion publique et le sentiment personnel de chacun. »

Les frais d’avocat des quatre policiers mis en examen dans l’affaire Michel Zecler seront donc assumés par l’Etat. Le sinistre préfet a obtenu l’autorisation de son ministre (il ne peut en être autrement) ; on peut alors mesurer la sincérité de Darmanin qui, sur les plateaux de télévision, annonçait vouloir demander la révocation des cogneurs.

Quant à l’UNSA Police, elle se distingue en insultant une nouvelle fois la ‘’sphère médiatique’’.

Est-on encore dans la France des Voltaire, Hugo ou dans un ersatz de Trump ?