Le 11 septembre 1973 Augusto Pinochet bombardait le palais de la Moneda à Santiago et renversait le président Allende. Il ne s’agissait que d’un épisode d’une vaste opération, baptisée Operacion Condor, menée par la CIA pour amener des dictateurs au pouvoir en remplacement de gouvernements élus démocratiquement, au Chili, en Argentine, en Bolivie, au Brésil, au Paraguay et en Uruguay.

Combien d’assassinats, d’enlèvements, de tortures, de disparitions ont été perpétrés par Pinochet, Videla, Stroessner, Bordaberry, Banzer et Geisel ? Des milliers.

Leurs régimes ont confisqué les libertés et engendrés la misère des peuples.

José Saramago relevait à juste titre dans son Cahier, en 2008, que « souvent, sous l’horreur, il y a des intérêts économiques, des délits clairement identifiés perpétrés par des personnes et des groupes concrets qui ne peuvent être ignorés dans des Etats qui se proclament de droit ».

Salvador Allende et son ami Augusto Olivarès se sont suicidés le 11 septembre sous les bombes des putschistes ; Pablo Neruda a été assassiné quelques jours plus tard, comme Orlando Letelier, ministre de la défense (victime d’un attentat à la voiture piégée à Washington où il s’était réfugié). Pinochet a permis les assassinats de plus de 3200 opposants et disparus ; le nombre de personnes torturées est estimé à plus de 38 000 et plus de 250 000 Chiliens se sont exilés ou ont été expulsés. 

Des tortionnaires français ont participé à alimenter le bilan terrible de ces crimes contre l’humanité.

On ne doit rien oublier de cet épisode horrible. En France, les partis d’extrême droite (et parfois ceux de droite) ont eu des sympathies affirmées pour les dictateurs d’Amérique du Sud. Ils partagent les mêmes idéologies, même si, aujourd’hui, ils sont dédiabolisés par des médias aux mains des milliardaires illuminés et menant une croisade pour les valeurs de la France qu’ils qualifient d’éternelle.

Nous ne pouvons pas dire que nous ne savions pas. En France, les vrais démocrates n’ont pas envie de mesurer les conséquences de l’arrivée au pouvoir d’ultralibéraux qui, sous couvert, de lutter contre l’envahissement du pays par des ‘’immigrés-délinquants’’, visent à imposer un régime autoritaire où leurs affaires pourront prospérer sans entrave.

Le 11 septembre 1973 ? C’était hier. Nous devons commémorer cette date et apprendre de l’histoire pour éviter de plonger dans la même terreur.