Les Etats-Unis, ce grand pays où la libre entreprise triomphe chaque jour davantage, peuvent-ils changer ? Rien ne doit venir véritablement entraver la machine à fric des actionnaires et surtout de quelques milliardaires.

Barack Obama était porteur d’espoir ; il n’a guère fait avancer ni la démocratie, ni les droits sociaux, sinon à la marge. Il n’est pas facile de faire bouger l’ordre des choses au royaume du capitalisme le plus exacerbé. Surtout quand on succède à un nombre incroyable de présidents d’une pure bêtise avérée, comme Ronald Reagan, George Bush et, plus encore, Donald Trump, à l’inintelligence abyssale, l’ignorance crasse, au mensonge et l’asservissement assumé aux riches. Tous, menteurs patentés. Avec eux, les idées (un peu) progressistes étaient aussitôt qualifiées de communistes et vilipendées. Bernie Sanders a fait bouger les lignes et entraîné une nouvelle génération qui laisse percer un espoir.

On a vu récemment un exemple des difficultés à évoluer vers un modèle de société plus solidaire avec la tentative des salariés de l’entrepôt d’Amazon à Bessemer (Alabama). Les sbires de Jeff Bezos ont multiplié les entraves pour fausser le résultat de la consultation du personnel et encouragé les cadres à soudoyer le maximum d’entre eux.

Les revendications étaient modestes, des salaires plus élevés, de vraies pauses et une amélioration des cadences ; elles étaient soutenues par le plus grand nombre, mais elles ont cependant été rejetées massivement (1798 contre et 738 pour la création d’un syndicat). La création de valeur pour l’actionnaire, shareholder en américain, n’admet aucune entrave (+ 48 % au second trimestre 2021)

Mais l’affaire peut rebondir. Après les plaintes (et les 23 objections) du syndicat de la vente (détail et gros) et des grands magasins (le RWDSU), le National Labor Relations Booard (NLRB), une agence indépendante du gouvernement fédéral dont les membres sont désignés par le président américain avec l’accord du Sénat, s’est rangé du côté des salariés et un responsable pour l’Alabama a considéré qu’Amazon avait enfreint les lois du travail et il a préconisé l’organisation d’un nouveau vote lors d’élections libres et équitables.

Le NLRB a peu de moyens (1 600 salariés pour l’ensemble du territoire américain et un budget dérisoire d’une trentaine de millions de dollars seulement, mais il a franchi une étape en se rangeant aux côtés des salariés et du syndicat RWDSU.

La décision finale est attendue le mois prochain. Mais, preuve que les choses bougent aux Etats-Unis, le puissant et sulfureux syndicats des camionneurs, le célèbre (pour ses relations avec la Mafia il y a quelques années) a décidé d’organiser les chauffeurs-livreurs d’Amazon.

La situation est nouvelle ; sous la présidence de Trump, elle aurait été quasiment impossible. Les changements avec Biden sont minimes, mais bien réels.