Les Jeux de Tokyo resteront un moment bizarre dans la vie du sport et de la planète. L’absence de public a pesé lourd dans le climat étrange qui régnait dans et autour des stades ; mais, surtout, ces quinze jours de compétitions permettant à l’élite des sports de se mesurer n’ont pas été marqués par ce qu’on appelle la trêve olympique.

La planète continue de brûler un peu partout ; le feu sème la désolation derrière lui en Grèce, en Turquie, en Bulgarie, aux Etats-Unis, etc. Les dictateurs accentuent la répression en Afghanistan, en Hongrie, en Turquie et le libéralisme appauvrit davantage les plus pauvres. En France, le pouvoir macronien rétrécit les espaces de liberté et le ministre de la santé s’en prend à un droit fondamental, le droit de grève.

Les performances sportives ne cessent de progresser et le geste sportif devient de plus en plus beau, mais le sort du plus grand nombre devient, lui, de plus en plus insoutenable et la pratique du sport lui est interdite.

Tokyo a permis de partager de belles et authentiques émotions. Notamment grâce aux sports collectifs, handball, basket-ball et volley-ball, grâce aussi au judo et à l’escrime. Dans ces disciplines-là, difficile de faire mieux : les équipes françaises ont été très brillantes et ont marqué le monde du sport. Mais leurs succès ne doivent pas masquer les difficultés de nombreuses autres disciplines, notamment de l’athlétisme et de la natation, sans parler de la gymnastique.

Les résultats de Tokyo, globalement, marquent un recul de la France aux Jeux olympiques ; les athlètes français peuvent accuser l’absence de politique sportive de notre pays.

Et nous ne voyons pas le bout du tunnel : combien de jeunes éblouis par les performances des handballeuses, des handballeurs, des basketteurs, des volleyeurs, des escrimeurs, des judokas et de bien d’autres disciplines ne trouveront personne pour les accueillir et combien d’autres trouveront des clubs à l’agonie après la pandémie du Covid19 et de ses variants. Malgré les belles déclarations du sinistre ministre de l’éducation nationale, du sport et de la jeunesse, le sport est le parent pauvre à l’école.

On peut féliciter chaudement les participants ; leurs victoires ne tiennent pas du miracle, mais presque. Ils démontrent les qualités des sportifs français, des entraîneurs et l’abnégation des bénévoles, laissés à l’abandon par un gouvernement qui préfère les records de dividendes distribués aux actionnaires des grands groupes que les résultats des sportifs. Cela n’empêchera pas le président de la République de recevoir les médaillés, seulement les médaillés, oubliant les autres.

Pendant ce temps-là, le quotidien sportif préfère, lui, s’attarder sur la venue de Lionel Messi au PSG, et s’extasie sur le montant de son salaire.

Il se disqualifie en donnant la priorité au football-business et se range du côté de ceux qui ne voient dans le sport qu’une source de profits.

La terre brûle.