Imagine-t-on le général de Gaulle posant la candidature de la France pour l’organisation des Jeux olympiques d’hiver à Reggane, en plein désert du Sahara, plutôt qu’à Albertville ?

Non, évidemment.

Le général en aurait été empêché par son entourage et ses électeurs l’auraient aussitôt abandonné, l’estimant atteint soit de gâtisme, soit de folie.

Mohammed ben Salmane, le prince héritier d’Arabie saoudite, l’homme sanguinaire qui fait disparaître ses opposants, lui, donc, a osé : son pays organisera les Jeux asiatiques d’hiver de 2029 dans le désert, dans un pays où personne n’a jamais vu tomber un flocon de neige et où personne ne skie, ni ne patine, à l’exception de quelques membres de la famille royale qui viennent dépenser des fortunes dans les stations européennes les plus huppées en louant tout un hôtel pour loger suite et esclaves.

MBS, c’est son surnom, veut faire surgir du désert une ville qui ne peut avoir été conçue que dans des esprits dérangés. Le projet Neom s’étalera sur 170 kilomètres de long, 200 mètres de large et une hauteur de 500 mètres, sans route, ni voiture (on s’y déplacera en train à grande vitesse ou avec des taxis volants).

Les promoteurs du projet ont le culot de parler d’ambition écologique.

La station de sports d’hiver, Trojena, sera entièrement artificielle (on s’en serait douté) avec pistes de ski extérieures ouvertes toute l’année même sous les températures extrêmes, lac artificiel d’eau douce, chalets, manoirs et, bien sûr, hôtels de luxe ; les promoteurs prétendent vouloir « redéfinir le tourisme de montagne dans le monde ». Comme le fou Elon Musk qui veut développer le tourisme sur la lune et aller vivre sur Mars.

La bêtise dans toute sa plendeur !

Combien Mohammed ben Salmane, jaloux du Koweit et de sa Coupe du Monde de football, a-t-il promis aux dirigeants du Conseil olympique d’Asie (OCA) pour réaliser un rêve aussi fou ? Et les dirigeants de l’OCA sont-ils assez gangrénés par le fric pour satisfaire ce projet idiot ?

Jamal Khashoggi, le journaliste, a bien été assassiné par un despote fou. Mais, impuni, il continue son œuvre destructrice. Quant aux sportifs, assurément, MBS s’en moque et il ne lui serait pas venu à l’esprit de leur demander leur avis.

Le fric rend fou et, en son nom, on assassine.