Le camp de réfugiés de l’île de Lesbos, la Californie, la forêt amazonienne brûlent. Beyrouth est dévastée, le Biélorussie et la Turquie répriment leurs opposants. Des centaines d’espèces animales disparaissent de la terre. La pauvreté et les inégalités progressent partout. Bref, notre vieille terre est bien malade, victime de la folie des hommes.

Quelques grands patrons assoiffés de dividendes et de retour sur investissement ont des préoccupations égoïstes, leurs comptes en banques, les concentrations au nom de ce qu’ils ont qualifié de taille critique.

Ils manipulent l’information, mais aussi les gouvernements. Ils attisent les tensions entre Etats, au Moyen-Orient, en Méditerranée, en Asie, en Amérique du Sud et jusqu’en Europe. Les conflits régionaux peuvent à tout moment dégénérer en guerre.

Bref, le système capitaliste mène la terre à la catastrophe environnementale et sociale.

C’est le moment choisi par un député norvégien, Christian Tybring-Gjedde, pour proposer l’un des échantillons les plus caricaturaux des milliardaires, devenu président des Etats-Unis, au prix Nobel de la Paix 2021.

Donald Trump, qui gouverne la première puissance mondiale par Twitter, l’a remercié chaleureusement, on s’en doute ; alors qu’il est en chute libre dans les sondages, il se réconforte comme il peut.

Trump avait tendu la perche au député norvégien en déclarant en 2019 :

« Je pourrais obtenir le prix Nobel de la paix pour beaucoup de choses s’ils l’attribuaient de manière honnête, mais ce n’est pas le cas. »

Les membres du prix Nobel apprécieront.

On ne sera pas étonné outre mesure de la proposition du député norvégien quand on saura qu’il est un membre du parti d’extrême-droite, le Parti du Progrès, et qu’il se distingue régulièrement par ses positions anti-immigrés, anti-islamistes et son aversion pour l’Europe. Il se définit aussi comme un soutien inconditionnel à Vladimir Poutine (le soutenant après l’annexion de la Crimée) et à Trump. Défenseur farouche d’Israël et de Netanyahou, il s’était vu interdire l’entrée dans la bande de Gaza.

Le personnage est peu ragoûtant ; son racisme est insupportable. Ses proximités idéologiques avec Trump sont si évidentes que la proposition de décerner le prix Nobel de la Paix à l’imbécile qui trône à la Maison Blanche ne pouvait émaner que d’un si triste personnage.

Au-delà de l’anecdote, on peut s’interroger : les électeurs américains ont élu un idiot inculte comme président et les Norvégiens un autre idiot comme député. En toute connaissance de cause.

Si la terre est en danger, la démocratie est abimée.