Emmanuel Macron traverse une période de forte dépression et il ne contrôle plus rien ; mais sans l’avouer. Il s’est chamaillé avec un grand nombre de ceux qui lui avaient élaboré son programme pour l’élection présidentielle de 2017.

L’économiste Jean Pisani-Ferry a pris ses distances avec Macron, critiquant sa politique en termes fermes, à défaut, néanmoins, de remettre en cause le néo-libéralisme.

Macron a été ébranlé plus fortement qu’il ne l’avoue par le profond mouvement social soulevé par la loi sur la réforme des retraites. Sa rigidité a excédé ses anciens ‘’conseillers’’ qui le lui ont fait savoir, ses ministres et quelques autres personnages de son entourage aussi. Le malaise est criant ; le pouvoir s’est retranché dans les salons de l’Elysée et semble ne plus savoir où aller.

Emmanuel Macron tente donc de renouer les liens avec quelques anciens compagnons de campagne et décrété les 100 jours pour tenter de reprendre la main en lançant réformes du travail, de l’immigration, de la réduction de la dette, de la baisse de la dépense publique et de la transition écologique. Jean Pisani-Ferry a ainsi hérité de la mission d’évaluer les « incidences économiques de l’action pour le climat. » La tâche est inatteignable et risque de ne déboucher que sur des effets d’annonces.

Pisani-Ferry a rendu son imposant rapport, qui, on s’en doute, va irriter tous les libéraux. Pour cet ordo-libéral, la dette, 111 % du PIB, la plus élevée de l’Europe, risque de se creuser davantage si des mesures drastiques ne sont pas envisagées.

Mais les mesures avancées par l’économiste sont celles que Macron et Le Maire ou Attal se refusent à envisager, à savoir réinventer l’Impôt sur la fortune, affublé d’une autre appellation pour ne pas perdre la face et temporaire pour ne pas effrayer les ultra-riches.

Le choix de prélèvements exceptionnels et explicitement temporaires sur le capital, écrit le rapport, « répond par ailleurs à l’impératif d’équité » conditionnant « l’acceptation par les Français des efforts que va leur demander la transition climatique ».  Pisani-Ferry suggère donc un impôt « assis sur le patrimoine financier des ménages les plus aisés ».

Il ajoute une note dans laquelle il écrit : « L’actif financier net des ménages était de 4 700 milliards d’euros en 2021, dont 3.000 milliards pour les 10 % les mieux dotés. Un prélèvement forfaitaire exceptionnel de 5 %, dans une fenêtre de trente ans, rapporterait donc 150 milliards, soit un peu plus de 5 points de PIB au total ».

Un (très petit) effort qui ne risque pas de réduire les inégalités, certes, mais qui contrevient au dogme macronien. Un effort qui ne répond pas à la demande populaire d’augmentation des salaires, mais qui a pour seul mérite d’acter que les ultras-riches peuvent payer.

Emmanuel Macron osera-t-il suivre ce conseil ou continuera-t-il à rester droit dans ses bottes ? Osera-t-il ranger ce rapport dans un tiroir de son bureau comme il l’a déjà fait pour d’autres rapports ?

Le pouvoir vacille ; le mouvement social saura-t-il, lui, en profiter pour imposer de véritables mesures sociales et environnementales ?

Le quinquennat est à un tournant.