La lecture d’un entretien de deux journalistes du Monde avec la nouvelle patronne de France Inter est édifiante : Sybile Veil a trouvé en Adèle Van Reeth une nouvelle ‘’chienne de garde’’ pour aseptiser la radio publique.

La philosophe avoue qu’elle poursuit le travail de Laurence Bloch en « ajoutant mes propres intuitions ». Comme si une grille de programme se construisait sur des intuitions. Quelle vanité pour une néophyte !

Ensuite, elle flatte ceux et celles qu’elle promeut à coup de formules pompeuses.

Sonia Devillers ? Elle a « développé un savoir-faire hors-pair dans la manière d’interviewer (…) sa façon de réinventer un rendez-vous emblématique ». Elle hérite donc de l’interview de 7h50.

Léa Salamé ? Elle « avait envie de nouveaux challenges ». La patronne répond aussitôt à ses caprices de star autoproclamée : « Elle assurera donc une interview quotidienne d’un quart d’heure, à 9h20, avec la liberté et le talent qu’on lui connaît ». En écartant, au passage, Nicolas Demorand. Il faisait de l’ombre à la star ?

Rebecca Manzoni ? Elle perd l’animation de Totemic chaque jour à 9h30, mais « elle reprendre Le Masque et la Plume (…) Nous sommes impatients de créer cette rencontre entre cette émission patrimoniale et la modernité qu’incarne Rebecca Manzoni, qui est adorée des auditeurs ». Elle est tellement adorée qu’elle perd son émission quotidienne pour une hebdomadaire qui n’a pas le même public.

Charline Vanhoenacker ? Là, Adèle Van Reeth atteint des sommets d’hypocrisie en affirmant que « les chiffres d’audience de son émission étaient en baisse depuis quelques années ». Le limogeage de la pétillante Belge passe mal auprès d’auditeurs appréciant son humour décalé et critique de l’ordre établi. Charline Vanhoenacker se trouve reléguée, elle aussi, le dimanche. Pour faire passer cet ‘’exil’’ « elle garde son billet dans la matinale du jeudi (…) et nous réfléchissons à une touche quotidienne pour que le fil soit maintenu d’un dimanche à l’autre ». Alors, pourquoi changer ?

Charline Vanhoenacker est écartée pour faire une grande place à Matthieu Noël ; en revanche, Adèle Van Reeth se moque du monde en affirmant : « Nous concevons en ce moment un nouveau rendez-vous pour 17 heures, un programme très fidèle à l’état d’esprit dont nous avons besoin sur cette antenne. Un endroit extrêmement libre, extrêmement incsif, où la satire politique, l’outrance, la caricature auront toute leur place. Peut-être avec Matthieu Noël » Mais pourquoi avoir éliminé les ‘’Belges’’ qui répondaient strictement à cette définition, alors que Matthieu Noël est lisse, consensuel et beaucoup moins corrosif.

France Inter reprise en main, c’est tout un symbole de la dérive des services publics.

Merci Mme Van Reeth de l’avouer aussi clairement.