Vincent Bolloré accélère sa prise en main du groupe Lagardère : il aura finalisé le rachat des actions du fonds Amber Capital le 15 décembre (il détiendra alors 45,1 % du capital) et il déclenchera l’OPA sur les actions qu’il ne détient pas en février prochain.

Le calendrier est calculé ; Bolloré affirme ainsi qu’il est désormais le seul propriétaire de Lagardère. Cela vaut avertissement pour les rédactions d’Europe 1, Paris Match, Le Journal du dimanche en pleine période électorale, mais aussi sur Hachette et la filiale Lagardère Travel Retail (points de vente Relay entre autres), mais cela vaut aussi pour les différents organismes qui devront se pencher sur les cessions d’actifs à envisager dans les activités où le nouveau groupe sera en position dominante (Autorité de la concurrence européenne, Autorité de la concurrence française et CSA).

Bolloré démontre sa volonté d’aller au plus vite vers une intégration de Lagardère dans le groupe Vivendi et se déclare donc maître du temps.

L’idéologue d’extrême droite s’affirme en outre comme un acteur déterminant dans le jeu politique et assure Eric Zemmour de pouvoir compter sur toute son aide avec les médias qu’il contrôle : chaînes de télévision, radio, journaux, magazines, etc.

A la manière de Robert Hersant qui se déclarait toujours en avance d’une loi, Vincent Bolloré, l’entrepreneur que rien ne doit entraver, est en avance sur toutes les lois censées assurer information pluraliste, limitation de la propriété des médias, etc.

Vivendi en avalant Lagardère à un prix dérisoire peut se revendiquer comme le leader mondial de la culture, du divertissement et de la communication.

Pendant qu’il bâtissait son empire, les gouvernements successifs ont regardé passer les trains ; aujourd’hui, Bolloré se permet de les narguer et d’afficher sa puissance au service d’une idéologie inquiétante et réactionnaire.

La morgue de Bolloré est incommensurable ; il est temps d’exiger un débat dans les meilleurs délais pour assurer un véritable droit à l’information du citoyen, en mettant fin à la valse des concentrations entre les mains de quelques milliardaires, en assurant la pérennité du service public de l’audiovisuel, l’indépendance de l’AFP, etc.