C’est tout sauf une surprise, Vincent Bolloré va avaler Lagardère et il faut toute la fausse naïveté d’Arnaud Lagardère qui, dans un communiqué « se réjouit du projet d’investissement que souhaite réaliser Vivendi en acquérant la participation d’Amber Capital », pour se féliciter d’une opération financière typique du monde capitaliste d’aujourd’hui.
Vincent Bolloré sera bien le seul à pouvoir se réjouir. Avec cette OPA à vil prix, il réalise son ambition de prendre le contrôle du troisième éditeur mondial de livres, d’un des leaders des boutiques d’aéroport et de quelques médias pour environ 600 millions d’euros, alors qu’il va récupérer près de 6 milliards en introduisant en bourse le pôle musical de Vivendi, Universal Music Group.
La disparition du groupe Lagardère au profit du groupe Bolloré répond aux vœux des néolibéraux de constituer des géants pour s’opposer aux groupes américains. Jean-Luc Lagardère en rêvait, Bolloré l’a fait, avec les bénédictions de Nicolas Sarkozy, ami de Bolloré et administrateur du groupe Lagardère, de Bernard Arnault qui va réaliser une belle opération financière en monnayant les 10 % du capital du groupe et avec le soutien d’un fonds activiste Amber Capital qui a aidé les précédents à déstabiliser Arnaud Lagardère.
Le monde de la finance n’a aucun état d’âme et les coups bas entre ‘’amis’’ font partie d’un jeu de Monopoly répugnant à coups de milliards.
Si Arnaud Lagardère se réjouit et si Vincent Bolloré triomphe, les auteurs de livres font grise mine. La ‘’bollorisation’’ du monde de l’édition, sur le modèle de Cnews et d’Europe1, risque d’être fatale à la liberté de création et au pluralisme.
Le très réactionnaire Vincent Bolloré et son confesseur, l’abbé traditionnaliste Gabriel Grimaud, vont-ils faire peser sur la France un climat réactionnaire digne de la Pologne et de la Hongrie ?
Le monde de la finance étend chaque jour ses pouvoirs et Emmanuel Macron assiste, ébloui, aux manœuvres des ‘’grands entrepreneurs’’, ceux qu’il reçoit à Versailles chaque année ; il fait preuve de plus de célérité pour dégainer des lois dirigées contre le monde du travail et contre les libertés que pour faire adopter des textes contre les concentrations.
La ‘’bollorisation’’ des esprits n’est pas une fatalité ; les citoyens doivent reprendre l’initiative pour imposer un authentique régime démocratique au service de l’humain.