J’ai appris dans les arènes de Vérone, il y hélas bien longtemps, que les Italiens déclinaient l’interjection ’’bravo’’. Pour une soprano on doit s’écrier ‘’brava’’ et si on veut saluer la performance de deux ou plusieurs chanteurs on doit crier ‘’bravi’’.

Et j’ai envie, aujourd’hui, de crier ‘’Brava’’ pour féliciter Cléopâtre Darleux, la prestigieuse et talentueuse gardienne de but de l’équipe de France de handball, championne olympique à Tokyo, après qu’elle eut fustigé le quotidien sportif.

Mais j’ai aussi envie de crier ‘’Bravi’’ pour remercier tous les sportifs français présents à Tokyo qui ont vivement réagi à un ‘’Tweet’’ de Jean-Michel Blanquer, qu’il faut citer pour en savourer toute la bêtise : « Vive le sport collectif! Vive l’EPS ! Le succès de nos équipes de France de BHV illustre la qualité de l’enseignement de ces sports à l’école. Saluons le travail des enseignants d’EPS et la bonne collaboration avec les fédérations. »

Le basketteur Evan Fournier a été le plus prompt à lui répondre : « Au contraire monsieur le ministre Jean-Michel Blanquer. Notre culture sportive à l’école est désastreuse. Si mes coéquipiers et moi-même sommes arrivés à l’élite de notre sport, c’est grâce aux associations sportives, aux clubs, aux bénévoles, mais en aucun cas grâce à l’école. »

Vincent Gérard, le gardien de but de l’équipe de France de handball, lui aussi médaillé d’or à Tokyo, comme Cléopâtre Darleux, et, par ailleurs président du syndicat des joueurs professionnels de handball, a été cinglant : « Heureux de voir que l’EPS est considérée sur les réseaux sociaux. Parce que dans la réalité… Comme le reste de l’enseignement d’ailleurs, les moyens ne sont pas là… »

Même le rugbyman Maxime Mermoz a été outré de cette saillie ministérielle : « Une honte, ils ne font rien pour le sport et à l’école c’est comme la musique… histoire de dire on fait… aucun moyen! Ce mec n’a pas honte ». 

Quant à la nageuse Marie Wattel, elle a fait dans l’humour : « J’hésite à reprendre les cours d’EPS du coup pour Paris 2024 ».

Basta, Blanquer !

Les sportifs de haut niveau français ont aussi la tête bien faite et ne s’en laissent pas compter, ni par leurs dirigeants, ni par les ministres.

Cléopâtre Darleux en est peut-être le plus bel exemple. Elle n’a pas sacrifié sa vie de femme et a mis au monde une petite Olympe en novembre 2019 tout en s’engageant à conquérir de nouveaux droits pour les sportives. Le handball a été le premier sport féminin à signer une convention collective pour les joueuses professionnelles, qui prévoit, entre autres, le maintien du salaire d’une joueuse pendant un an (contre trois jusque là) en cas de grossesse ou de blessure de longue durée.

Alors, à tous, ‘’Brava’’, ‘’Bravo’’ et ‘’Bravi’’.