Elon Musk a des caprices de milliardaires. L’ex-fondateur de PayPal veut ‘’se payer’’ Twitter. Un caprice de 44 milliards de dollars, non dénué d’arrière-pensée politique.
Les actionnaires ont très vite approuvé la proposition de Musk ; ils ont appelé le conseil d’administration du réseau social à réviser son attitude de refus et à accepter une offre aussi mirobolante. L’appât du gain immédiat ne pouvait laisser indifférents des actionnaires tels que les fonds Vanguard, Morgan Stanley, BlackRock ou Fidelity Management (qu’on retrouve parmi les détenteurs du capital de tous les méga-groupes du numérique, entre autres).
Vanguard, qui possède 10 % du capital va encaisser plus de 4 milliards de dollars et BlackRock environ 850 millions. Les investisseurs qui ont placé leurs fortunes dans ces fonds se frottent déjà les mains et vont pouvoir imaginer renouveler une même opération ailleurs.
Elon Musk est un ami de Donald Trump ; même morgue, même mépris pour les pauvres, même dédain pour la démocratie ; et il se pose en « absolutiste de la liberté d’expression » en ajoutant que « Twitter est la place publique numérique où sont débattues des questions vitales pour l’avenir de l’humanité. » On a pu observer avec Trump à quel niveau se situent les débats en 180 signes !
Dans un tel contexte qui apparaît vraiment surréaliste, deux banques françaises ont cru bon de participer au consortium bancaire qui va financer le caprice de Musk : la BNP Paribas va apporter un prêt de 1,4 milliard de dollars et la Société Générale, elle, va contribuer à hauteur de 875 millions.
Au moment où la France a besoin de crédits pour relancer son économie et relocaliser l’industrie, il s’agit de la part des deux banques d’un vrai scandale, qui semble laisser sans réaction le nouveau président de la République et son gouvernement (même en instance de départ).
Une nouvelle illustration du slogan, ‘’Macron, président des riches’’, qui préfère Elon Musk aux ouvriers licenciés après les fermetures de fonderies, comme Alu à Ingrandes, MBF de Saint-Claude, SAM de Decazeville et les 800 licenciés du sous-traitant d’Orange pour la fibre, Scopelec basée à Sorèze dans le Tarn.
Le choix des banques françaises est éminemment politique ; c’est la raison pour laquelle Macron n’interviendra pas pour le condamner et pour réorienter l’argent disponible vers des activités industrielles stratégiques plutôt que vers un réseau social dont on a pu mesurer le rôle néfaste.