L’institut d’études économiques Xerfi ne partage pas l’optimisme de façade du président de la République et de ses ministres ; dans une note publiée cette semaine, a contrario du discours ambiant, son directeur de la recherche, Olivier Passet, prévoit « la remontée inexorable du chômage en 2023 ».

Il constate, certes, « l’incroyable résistance de la dynamique de l’emploi (…) qui défie les pronostics ». Mais, pour Xerfi, « l’économie que nous commentons aujourd’hui vie en apesanteur, encore sous les effets des gigantesques plans de soutien mis en place en 2020 et 2021. » Ses économistes voient s’amonceller les nuages, « ce n’est que l’an prochain que ces inflexions vont mordre dur le crédit et la rentabilité des agents privés ».

« Ce qui est devant nous maintenant, c’est une double décélération des volumes et des prix. Et s’il y a une chose qui n’a pas changé à travers les crises, c’est l’objectif des plus grands comptes de maintenir leur rentabilité financière et de soutenir la valeur actionnariale via le rachat d’actions et le versement de dividendes. Et si les prix ne sont plus la variable d’ajustement, si les volumes ne bénéficient plus du même soutien public, la variable d’ajustement, c’est l’emploi et le report des pressions sur la sous-traitance. Les premières annonces de plans sociaux peuvent sembler à ce stade anecdotiques, cantonnées à quelques secteurs. Mais ce n’est qu’un début. L’effet domino ne fait que commencer. Et, avec lui, le mécanisme qui transforme le coup d’arrêt de la croissance en récession. »

Bref, les économistes sérieux ne partagent pas la vision des Macron, Le Maire et Attal. La potion va être sévère. Très sévère pour les classes laborieuses. Et la France va s’enliser un peu plus dans le chômage de masse quand le gouvernement réforme le système d’assurance-chômage, plutôt que de s’attaquer aux super-profits et aux dividendes.