Dire que la bataille des idées passe aujourd’hui par les médias, c’est enfoncer une porte ouverte. Les quelques milliardaires propriétaires des principaux organes d’information écrits et audiovisuels ne supportent pas la concurrence du service public de l’audiovisuel. Bouygues et TF1 viennent de déposer une nouvelle plainte auprès de la Commission européenne pour aide d’Etat illégale du gouvernement à France Télévisions ; Vincent Bolloré pour sa part enjoint à ‘’ses’’ hommes liges (notamment Praud et Hanouna) de multiplier les attaques contre France Télévisions et Radio France.
Ces opérations convergentes ne sont pas pour déplaire à Emmanuel Macron, son gouvernement et les droites (dure et extrême). Le libéralisme autoritaire à l’œuvre dans le pays ne peut pas supporter les moindres controverses, les plus infimes mises en cause et les plus énormes révélations.
Ce n’est plus la voix de la France de Pompidou, mais l’étouffement des journalistes du service public pour ne pas contrarier la voix jupitérienne d’Emmanuel Macron, détenteur de toutes les vérités.
Dans ce contexte délétère, le directeur de l’information de France Télévisions, Alexandre Kara, a intimé l’ordre à l’émission Complément d’enquête « une mise en pause » des portraits d’hommes et de femmes politiques. La présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, a annoncé aux syndicats un plan d’économies sur la masse salariale et les frais de mission ; il devrait se traduire par des hausses du temps de travail, des reprises d’avantages (avec une menace à peine voilée de plan social) et moins de reportages. Bref, un affaiblissement du service public. C’est la suite attendue de l’abandon de la redevance audiovisuelle !
Emmanuel Macron n’aime pas les services publics ; il a déjà montré son animosité à leur encontre à l’éducation nationale, à la SNCF, à l’hôpital, à la Poste, à EDF, etc. Les mauvais coups portés au service public de l’audiovisuel touchent aussi à l’information non contrôlée par ses amis milliardaires et par conséquent à la démocratie, à l’un des droits essentiels reconnus par la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Les contestations des lois sur les retraites, sur l’indemnisation du chômage et sur l’immigration n’ont pas refroidi les ardeurs ‘’réformatrices’’ de Macron. Il semble, au contraire, qu’en se rapprochant chaque jour davantage des thèses de l’extrême droite, il veuille accélérer le rythme de la casse des services publics pour laisser un paysage désolé en 2027, tout entier livré aux grands groupes financiarisés et à Marine Le Pen.