Il est assez incroyable que les médias français ne tirent pas les leçons de leur emballement dans l’affaire Dupont de Ligonnès et ne s’excusent pas outre mesure auprès des citoyens et de l’homme qu’ils ont tenté de faire passer pour l’assassin de sa famille à Nantes.
Tous tentent de faire porter la responsabilité de cette énorme faute professionnelle à la police.
Une lecture attentive du communiqué de la police de Glasgow apporte cependant la preuve d’une retenue, habituelle dans ce milieu :
«A man was arrested at Glasgow Airport & remains in police custody in connection with a European Arrest Warrant issued by the French Authorities. Inquiries are ongoing to confirm his identity & we continue to liaise with our colleagues in the relevant agencies.»(« Un homme a été arrêté à l’aéroport de Glasgow et reste en garde à vue dans le cadre d’un mandat d’arrêt européen émis par les autorités françaises. Des enquêtes sont en cours pour confirmer son identité et nous continuons à assurer la liaison avec nos collègues des agences concernées. »)
Il n’est nullement question de Xavier Dupont de Ligonnès.
Ensuite, le procureur de Nantes en charge du dossier a fait preuve de la même prudence.
Les médias et le Parisien le premier ont relayés les informations d’un policier. Et, pour, prétendument, vérifier l’information selon laquelle il s’agissait de Dupont de Ligonnès, ils ont téléphoné (tous) à divers membres, ‘’hauts placés’’ diront certains, de cette même source.
Vérifier une information d’origine policière auprès de policiers, fussent-ils cinq, est-ce sérieux ? Une vérification se fait auprès de diverses sources (procureurs, avocats, témoins quand il y en a).
Plutôt que de planter des caméras devant la prétendue maison de Dupont de Ligonnès à Limay, les envoyés très spéciaux auraient pu recueillir les témoignages des voisins, qui, tous, ont apporté les preuves qu’il ne pouvait pas s’agir de l’homme recherché.
La profession de journaliste est prise une nouvelle fois en flagrant délit de manque de professionnalisme, au prétexte que le temps médiatique est plus rapide que celui de la police ou de la justice.
Le résultat de toutes les dérives était prévisible et d’autres scandales se reproduiront su les journalistes ne veulent pas faire la critique de la fabrique de l’information.
PS: Le quotidien Midi Libre a franchi les limites de l’intolérable en publiant en »une » dimanche la photo de l’homme arrêté à Glasgow aux côtés de celle de Xavier Dupont de Ligonnès. Et, pour se donner bonne conscience, le journal a titré: L’erreur. Il n’y a pas de mot pour qualifier la publication de la photo d’un homme étranger à toute l’affaire et qui a demandé qu’on le laisse tranquille.
Midi Libre? Simplement honteux.