Vérification faite par la police, Guy Joao, modeste citoyen de Limay, n’était pas Xavier Dupont de Ligonnès.

Les caméras, les micros et les stylos peuvent être rangés et les envoyés spéciaux à Glasgow, à Limay et à Nantes rentrer dans leurs rédactions.

Le « scoop » du Parisien et repris par tous les médias s’est vite transformé en fausse information et a fait pschitt.

Aussitôt l’erreur avérée, on attendait que les médias présentent des excuses aux téléspectateurs, auditeurs ou lecteurs. Aucun n’a eu la décence de reconnaître son emballement et son manque de vérification des informations.

Cet épisode qui rappelle, hélas, l’affaire du faux charnier de Timisoara, ne grandit pas la profession de journaliste. Le respect dû aux citoyens ? Oublié, foulé aux pieds.

Au-delà du cas présent, il faut s’interroger sur le comportement moutonnier de tous les médias et sur la fabrique de l’information. Sur le poids de la recherche du sensationnel imposée par les milliardaires détenteurs des grands médias pour qui l’information est un produit comme les autres, devant générer des profits.

Hier, la presse n’était pas plus irréprochable. Pierre Lazareff, considéré comme un journaliste modèle, ne se grandissait pourtant pas en disant avec beaucoup d’aplomb : « Les deux mamelles du journaliste moderne sont l’information et le démenti. » Il était au même niveau de cynisme qu’Yvan Audouard quand celui-ci disait : « Une information plus un démenti, cela fait deux informations pour le prix d’une. »

Bref, la presse française est toujours malade et la guérison n’est pas encore pour demain. Car que croyez-vous qui arrivât après le dévoilement de la fausse information ! Les médias n’ont pas déprogrammé les reportages sur cette sordide affaire. Elle déclenche encore des émotions, alors c’est tout bon pour l’audience. Peu importe si les flots de reportages n’apportent aucune information nouvelle et si Dupont de Ligonnès est toujours introuvable.

Pierre Lazareff et Yvan Audouard peuvent reposer en paix, la profession les honore chaque jour davantage !