Gabriel Zucman est économiste et enseignant à l’université de Californie de Berkeley. Il vient de publier un nouveau travail sur l’inégalité des richesses aux Etats-Unis.

Le résultat a été publié et commenté par le Washington Post de la semaine dernière ; selon Zucman : « Les 400 Américains les plus riches – les 0,00025% de la population – ont triplé leur part de la richesse nationale depuis le début des années 1980 (…) Ces 400 Américains possèdent plus de la richesse du pays que les 150 millions d’adultes dans les 60% inférieurs de la répartition de la richesse, qui ont vu leur part de la richesse nationale chuter de 5,7% en 1987 à 2,1% en 2014, selon la base de données mondiale sur les inégalités. »

Zucman estime que « la concentration de la richesse semble être revenue aux niveaux observés pour la dernière fois dans les années folles. »

Le Washington commente ainsi la situation : « Cette évolution nuit à la sécurité des familles des classes inférieure et moyenne, qui dépendent de leurs petites réserves de fortune pour financer leur retraite et atténuer les chocs économiques tels que la crise économique ou la perte d’un emploi. Et c’est le pouvoir de consolidation entre les mains des milliardaires de la nation, qui utilisent de plus en plus leurs richesses pour acquérir une influence politique (…) La richesse américaine est très inégalement répartie, bien plus que le revenu. Selon les derniers calculs de Zucman, aujourd’hui, 0,1% de la population la plus riche a capté près de 20% de la richesse du pays, ce qui lui confère une part plus importante du gâteau américain que les 80% les plus pauvres de la population. »

Zucman a observé que « pour les riches, la richesse engendre le pouvoir » et, commente le quotidien, « notre système électoral est fortement dépendant d’un financement extérieur, ce qui offre aux riches de nombreuses possibilités de convertir leur argent en influence et de faire pencher la balance politique en leur faveur. En conséquence, les politiciens se sont habitués à porter une attention particulière aux intérêts des riches et à adopter des politiques qui les reflètent, même dans les cas où l’opinion publique est fortement orientée dans la direction opposée. »

«La concentration de la richesse peut aider à expliquer le manque de réponses redistributives à la montée des inégalités observée depuis les années 1980 », écrit Zucman. En d’autres termes, l’interaction entre argent et pouvoir peut se renforcer d’elle-même: les riches utilisent leur argent pour acheter du pouvoir politique et utilisent une partie de ce pouvoir pour protéger leur argent. »

Toute ressemblance avec la situation de la France d’Emmanuel Macron… C’est bien le capitalisme d’aujourd’hui, mondialisé, qui provoque ce scandale. Et c’est cela qu’il faut changer. Zucman et tous les économistes sérieux (comme Les Economistes Atterrés), font le même constat que le ruissellement qu’on tente de nous vendre pour faire avaler les inégalités n’est qu’un leurre. Un gros mensonge.